1 Juillet 2013
Les toilettes, c’est la carte d’identité de l’hôpital. Vous voulez savoir où vous êtes tombés ? Allez faire un tour aux toilettes : les toilettes ne mentent pas.
En sous sol, comme les malades du service hématologie. Plus de 20 ans après, je n’ai rien oublié de ce couloir sans fenêtre. La peinture jaune pâle des murs, l’agressivité des néons, les odeurs mêlées qui donnent la nausée. Effluves des mauvais repas tièdes étalés dans les plateaux de fer compartimentés, du latex des gants des infirmières... Et les relents piquants des toilettes. Ca puait l’urine chargée de produits chimiques. Je revois le rouge des anthracyclines au fond des cuvettes. Le jaune mousseux du Méthotrexate. Les toilettes de l’Hôtel Dieu, c’était la souffrance de ses malades. Un tel traumatisme, qu’il m’a rattrapée sans prévenir des années après, alors que je poussais la porte battante d’un autre hôpital à Meudon la Forêt. La même odeur ! Cette senteur atroce m’a vidée de toutes mes forces en même temps qu’elle m'emplissait les narines. J’ai dû battre en retraite, dévaler les escaliers et courir vers la sortie. Je n’ai repris le contrôle que dehors, après de longues minutes et de grandes lampées d’air « propre ».
Aux chiottes de Saint Antoine, si on n’a pas encore saisi qu’on est à l’assistance publique, il suffit de lire les graffitis sur le métal bleu des portes. Pour ne pas trahir leurs auteurs anonymes, je les livre tels quels :
Jesu Christe est ton consollateur
Jesu Christe est le chemin de la vie
Jesu Christe est la sollution à tes problèms
Be Happy !!!
La vie est courte…
Enjoy, Life is a gift !
Jesu Christe t’appel
Vien a lui et tu va voi la vie en abondence
Toi qui est désespérée,
Toi qui est fatiguer,
Vien a lui
Mathieu 28
Jean Chapitre 1
NIKE SA MERE !
En chaleur
C’est urgent
Propose un prix
Le défouloir de l'illuminé. De l’illuminé illettré, de l’illuminé gentil, de l’illuminé grossier… et en chaleur. Et ce n’est qu’un échantillon fleuri prélevé dans les toilettes féminines. Chez les hommes, on peut aisément s'imaginer une prose plus ... rabelaisienne. On dispose d'une belle palette littéraire aux chiottes de Saint Antoine.
À l’IGR, les toilettes sont blanches, immaculées, immenses. Le paradis du wawa est à Villejuif. Plus exactement, au rez de chaussée de Villejuif, réservé aux visiteurs. Représentation et renommée mondiale obligent sans aucun doute. Parce que dans les étages, le water closet du souffreteux est bigrement moins propret. Envolées les vasques design. Évaporés le parquet contemporain et les murs épurés. Tout là-haut dans la tour, règnent encore le vintage, les petits carreaux caca d’oie collés bien serrés, le camaïeu de beige-brun-marron-caca.
Non, réflexion menée, je vais m'en tenir là. Tant pis pour l'exhaustivité du sujet vatère. Je vous fais grâce, heureux veinards, de ma récente expérience sur le thème du vécé moucheté-tapissé dans le service appareil digestif de la clinique Saint augustin de Nantes.