17 Novembre 2013
Dans son cartable, le petit homme ramène une poésie nouvelle pour le ouiquende. En CM1, il a de la chance, il découvre Boris Vian. Dans sa classe double niveau (on habite une petite ville), il partage sa maîtresse avec des CE2 et ce sont les CE2 qui ont choisi le jour de la récitation. Pour eux, ce sera jeudi. Pour les CM1 et le petit homme, pas le choix, c'est lundi ! Ce lundi... Quelle injustice ! Le petit homme râle...
Je ne connaissais pas ce texte. Il est super chouette ! Les pirates, c'est le titre de la chansonnette.
Y en a qui deviennent sergents
Ou marchands d'peinture.
Y en a qui vendent des cure-dents
Ou des grosses voitures.
Y en a qui restent tout le temps
Enfermés comme des patates.
Mais moi, quand je serai grand,
Je serai pirate.
J'aime les bons mots de Vian. Ses phrases qui chantent. Les images qui dansent. Il y a plein d'autres couplets à cette chanson. Mais celui là me plait ! J'y vois les rêves francs de l'enfance, la liberté désirée, les modèles et le moule refusés. Je ne serai pas enfermé "comme des patates. Moi, quand je serai grand, je serai pirate !"
Faut du courage pour renoncer à la voie tracée et se lancer dans la piraterie : les pirates n'ont "pas de cravate mais du poil aux pattes".
Il en faut un poil justement, de sauvagerie pour la mutinerie, tourner le dos au monde policé, aux risettes au patron pour ses promotions et DEVENIR LE PATRON" : Ils mont' à l'abordage avec des cris sauvages, tuent les matelots, flanquent les corps à l'eau et prennent les filles pour leur pincer les fesses."
Bon, au dernier couplet, les pirates de Boris Vian s'avèrent être des cols blancs (corses ! :) sans scrupules, des bandits trustant les bonnes places, pour que fructifient impunément leurs affaires douteuses : "Les pirates n'aiment pas la bagarre et règlent leur compte sur le coin d'un bar. Ils vont à Paris dans les boites de nuit, ramassent les pucelles pour rénover l'cheptel, paient les argousins pour protéger l'turbin et prennent les gonzesses pour leur botter les fesses. Les pirates sont toujours d'Ajaccio. Ils n'ont peur de rien sinon du boulot. Les pirates qu'ont tout ramassé font d'la politique et d'viennent députés."
Là s'arrête donc le parallèle avec mon indépendance choisie et la vie simple menée ici. Le petit homme n'étudie pas les dernières strophes et c'est tant mieux. La morale est sauve ce dimanche. Le petit homme peut encore rêver de pirates et de liberté au premier degré !