6 Décembre 2013
J'ai dépensé 400 euros en 2 jours. Ca fait beaucoup pour le Noël d'une seule personne, bibi. C'est que je me bichonne. Je me soigne, vois-tu. 10 boites de Cicatidrine, 3 de Donalis, 1 tube de gel Hyalomachinchose, 7 d'Hypericum Perforatum et 1 d'Apis Mellifica. 400 euros. Tout pour ma pomme. Mes pommes azimutées des nerfs depuis la "reconstruction", mon abricot sec et rabougri depuis que couic les ovaires et le traitement hormonal. 400 euros non remboursés. Ce n'est que du confort après tout. Les douleurs nerveuses, l'urticaire sous la peau des nénés rafistolés, les muqueuses écorchées. S'il est assez difficile de vivre avec, on n'en meurt pas.
Pour vivre, les médicaments, c'est gratuit.
Pour vivre décemment, c'est payant.
Les ampoules pour fortifier les cheveux comme on peut, la perruque quand il n'y a plus rien à fortifier, le vernis pour que les ongles ne virent pas au marron, le vernis pour qu'ils ne tombent pas carrément, les couches de crème Wéléda sur les crevasses, les baumes pour les gerçures, le savon de pharmacie ultra, ultra neutre parce que la peau pète partout (la popètepartou, c'est poilant ça, non ?), la crème cicatrisante sur les coutures, les bas de contention, les soutiens-gorge de maintien taille XXL pour les nénés gonfflés d'oedème après le charcutage, les gellules, les ovules, les capsules, et plein d'autres mots en "ule" pour limiter la casse, les effets secondaires qu'ils appellent ça pudiquement. La vérité c'est que vous êtes dézinguée. Et que pour rezinguer la carcasse de la machine amochée, ben faut payer.
Tout ça me rappelle une tirade d'anthologie :
On vit très bien avec un cancer du sein vous savez !
Le bébé en blouse blanche qui m'a dit ça l'année dernière n'est pas près de recommencer. Je lui expliquais que j'étais anéantie d'apprendre la récidive de mon cancer, la vie écourtée, les incertitudes....
"On vit très bien avec un cancer du sein vous savez !"
J'ai levé le nez, essuyé mes larmes et je l'ai regardé bien droit dans les yeux pour répondre :
"On vit très bien avec un cancer ?... Quand vous serez amputé d'une couille et que vous n'aurez plus que 5 ans à vivre, on en reparlera jeune homme."
J'étais très en colère. Je retombe sur lui parfois, pour ces consultations d'avant chimiothérapie, quand on vérifie que vous êtes capable d'encaisser ce qui vous attend. Eh bien il réfléchit bien avant de parler. Le métier commence à rentrer.
C'est mon homme aimé, ici, qui ne va pas tarder à rentrer ! Il est parti avant le jour sur le Cassiopée. Il a remonté des casiers toute la matinée. Le froid et la houle, c'est pas cool pour les marins, mais c'est bon pour le bouquet. J'espère qu'il va en ramener pour le déjeuner. Bon appétit les amis !
... Et Joyeux Noël !