4 Décembre 2013
Bon... Allez... Je blogue un coup : 17 jours sans bloguer, ça fait beaucoup.
C'est que ces 17 jours n'étaient pas folichons !
Sans en tartiner des lignes, le bonheur est moins franc ces derniers temps. Parce que je m'inquiète. Voilà.
La faute à ma tête. Aux douleurs dedans ces dernières semaines. A gauche, derrière, en bas, en haut, puis à droite ce matin. Ca lance, ça fulgure, ça s'éteint un moment, puis ça revient. Du coup, grande gamberge dans les méninges ! Les métastases hibernent depuis l'hiver dernier. Mais elles se réveillent peut-être ? Si ça se trouve, elles me mangent la cervelle ! Le cerveau, ce serait logique. Après les poumons, le foie, les os. C'est le dernier trophée à décrocher par mon cancer du sein pour le grand chelem. J'ai appelé l'hôpital lundi dernier. Le 17 décembre, ils me regarderont les os, les poumons, le foie et le cerveau ! J'ai demandé qu'il me le rajoute aux examens, histoire d'en avoir le coeur net et l'esprit serein si possible, pour les fêtes.
Pour le moment faut faire avec les turlupinades... Et les coÏncidences étranges qui font turlupiner davantage. Ce reportage dimanche, dans Sept à Huit, sur le combat courageux d'un jeune homme mort de son cancer au cerveau à 18 ans. Le film de Clint Eastwood que j'ai regardé ensuite, pelotonnée contre mon Homme, en ravalant mes larmes. Il y était question de la mort, de la douleur de ceux qui restent, de leur besoin de communiquer avec les disparus dans l'Au Delà. J'ai pensé à mes chers disparus à moi. Mes papis et mamies, Gilles, Jérôme. Continuent-ils d'exister quelque part ? Est-ce que je continuerai d'exister pour les miens d'une manière ou d'une autre ? Est ce que les petits hommes finiront par oublier mon visage, ma voix, mon rire, qui j'étais ? Si enfant, j'avais perdu ma maman, que me resterait-il d'elle aujourd'hui ? Mes amis de l'enfance sont bien en mémoire. Philippe, Jean-Marc, Hina, Laura, Lolita... Mais les images sont brouillées. Les sons encotonnés. Quant à nos jeux ensemble... Alors si je devais partir maintenant pour les petits hommes... Eh mince à la fin ! Arrête de cogiter la coloquinte ! Dodo le ciboulot !... J'ai très mal dormi. Très mal. D'autant que j'avais mal un peu partout.
Malgré tout, j'essaie de rester dans la vie. Avec les petits hommes, je prépare Noël. Samedi, j'ai sorti la déco, les bonshommes de neige, les pères noël, les bougies rouges et dorées, les chocolats et les pralinés. J'ai accroché la guirlande lumineuse dans le séjour au dessus de la baie vitrée. 9 mètres de loupiotes qui clignottent, ça ravigote !... Regonfflée à bloc. Mais il a bien failli se ratatiner comme un vieux flan, le soufflé. Dans le fauteuil de "l'énorme Pépé" (Pépé qui n'avait rien d'énorme, mais qui en imposait au sommet de la lignée des Barre), je regardais les petits hommes poser les boules dans le grand sapin avec les yeux brillants. Les miens brillaient aussi. J'ai serré fort les dents pour ne pas pleurer. J'ai pas pleuré ! :) Je promène Isséo chaque jour. Plusieurs fois par jour. Je suis bien dehors, au vent, au soleil, à l'océan. Et j'aime l'enthousiasme de mon chien chéri. Les moulinets de sa queue quand il farfouine tout azimut la truffe au ras de terre. Ses courses perdues d'avance derrière les oiseaux de la presqu'île. Sa façon singulière de me tenir bien serrée entre ses deux pattes avant éléphantesques. Il est heureux ! Alors moi aussi, le temps que je l'observe. Je continue aussi de faire des projets. Les vacances cet hiver, les voyages dont j'ai envie pour le printemps si les sous sont suffisants, l'été avec mon Homme, l'olivier que l'on va déterrer du jardin demain pour le rendre à ceux qui l'ont planté, le prunier choisi à la naissance du petit homme que l'on va récupérer dans 10 jours à Massy, la rambarde du balcon au 1er que je voudrais bien changer...
Je suis encore vivante !
... Même si j'ai sacrément mal.