18 Janvier 2014
Je me déprends du petit homme après les baisers du coucher.
Encore penchée au dessus de son visage, c'est le moment furtif où tout se décide. Je me redresse et je file... Ou je reste un peu. Le petit homme doit ressentir mon indécision. Il a ce sourire embarrassé que je lui ai toujours aimé. Celui de mon Papa malices. Le même. C'est troublant et touchant à la fois, ces expressions, ces attitudes héritées de son grand père (par quel mystère ?). Je choisis de rester :
"Si tu devais me décrire en un mot, mon grand garçon, tu dirais quoi ?"
Je pose cette question au petit homme parfois. Il y a bien longtemps, des semaines, des mois... Quand déjà, lui ai-je demandé ça la dernière fois ? Il avait répondu "rigolote". J'avais été rassurée. "Je suis une maman rigolote pour le petit homme. Ça me va !" m'étais-je dit.
Le petit homme a les idées claires. Il sait ce qu'il pense, ce qu'il ressent. Il choisit les mots pour l'exprimer au plus juste. Il est précis.
Mince... Pendant quelques secondes, je reste sonnée. Je préférais "rigolote".
"Je suis une maman fatiguée, c'est ça que tu penses mon amour ?
- Ben oui, tu es fatiguée, tu fais beaucoup de choses... et on n'est pas toujours très sages.
- Je suis fatiguée c'est vrai. J'essaie de rester en forme et..."
Et là, un gros je ne sais quoi me serre la gorge, les tempes, le coeur... A peu près tout sauf le canal lacrymal. Larmes contenues tant bien que mal. Je suis une maman qui ne veut pas culpabiliser son petit homme et qui se ressaisit ! Je rassure. Je prends le petit homme dans mes bras, je l'embrasse plus que d'habitude et je me jure ce soir de ne plus jamais dire "Vous êtes fatigants... Vous me fatiguez... Je suis fatiguée", toutes ces phrases lâchées sans y penser qui laissent des traces dans la tête des petits hommes.