3 Février 2014
C'est pas d'ma faute : c'est le corps mort qui a cassé. C'est terrible ce qui m'est arrivé.
Pour commencer la nuit sombre, sans un bout de lune pour éclairer. Le vent d' est glacial (qu'est ce que ça aurait été s'il était venu du nord ?...). Le courant effroyable sur l'étrave. Le grincement sinistre de l'amarre. Seul sur le Traict dans la tourmente, je ne suis pas rassuré mais je me dis : "Au moins, je suis bien accroché, ce n'est qu'un mauvais passage, il faut faire le "pont rond" le temps que ça dure et patienter". J'encaisse des paquets d'eau sans broncher. L'espoir de l'accalmie me fait tenir. J'encaisse, je ne bronche pas, j'espère, je tiens.
D'un seul coup, crac la chaine cède ! Horreur ! Trahison ! Je lui faisais confiance. Une grosse chaine comme ça, soudée au fond par dessus le marché. Et puis, des années que j'y étais attaché. Des années qui ne valaient pas tripette pour elle apparemment : elle m'a lâché...
Me voilà balloté sur l'eau verte. Sans voile. Ni moteur. Amputé. Emporté. Je suis le joujou frêle d'une force supérieure et elle a décidé de me le faire comprendre. Ca va, j'ai saisi la force supérieure. Tu peux arrêter ton jeu sadique. J'ai peur, la force supérieure. T'entends ? T'as gagné : j'ai peur, je suis fatigué, c'est toi la plus foOO !!!
L'accalmie enfin. La force supérieure se lasse, me laisse, s'éloigne... Elle me surveille encore du coin de l'oeil. Si je me fait petit, peut-être m'oubliera t-elle tout à fait ? C'est ça ! Je vais me faire si mini-micro-petit qu'elle va se chercher un autre jouet ! Au large, loin de tout, de mon port, de mes attaches, je me donne du courage : "Ca va aller du bateau. T'as connu pire. Tu vas t'en sortir."
... Une lumière là bas ! Le cannot orange et verte de la S.N.S.M. ! On vient me sauver !