13 Décembre 2015
De : Catherine Barre Gascoin
A : Super Mario - Oncologue de confiance de l'ICO
Objet : À propos de la consultation, demain
Cher Monsieur Super Mario,
Demain à 12H10 tapante, nous nous revoyons pour la visite dites "des 6 mois".
14 décembre 2015.
Nous voilà donc vous et moi, à "3 ans de survie", expression aussi consacrée que cruelle du corps oncologue, pour qualifier "les qui guériront jamais mais qui s'accrochent". 3 ans quasi, donc, depuis la dernière goutte chimiothérapique infusée. Taxol 130 mg. Avastin 520 mg.
3 ans... C'est géant !
Je pensais pas avoir autant, attendu que je me projetais plutôt dans une fin programmée à quoi ?... 6 mois à tout casser. Et puis là, 3 ans ! Alors du coup, le rab Monsieur Super Mario, je m'y fais bien voyez. J'oublierais presque (presque) que je suis limitée. Le temps-gagné amoncelé, ça vous donne des ailes, ou des illusions, appelez ça comme vous voulez. En tous cas, on s'y fait !
Alors, justement... Le sujet de mon message, ma requête :
C'est à propos de demain. Quand je vais m'asseoir en face de vous à 12H10. Quand vous lirez, posée à plat sur le bureau, la feuille des résultats du scanner passé à 9H55. Quand vous ouvrirez la bouche pour me dire que ça va. Ou que ça va pas. Moi je pense que ça va. Mais si ça va pas... S'il vous plait Monsieur Super Mario, pour cette fois, mentez-moi. Et avec conviction pour que j'y crois ! Je sais bien, je vous tarabuste pour la vérité depuis toujours. Mais demain, c'est différent : j'ai besoin de repartir le coeur léger. Parce que dans une petite semaine, je m'envole moi ! Avec mon homme aimé et les petits hommes, vacances, caraïbes, Noël sous les cocotiers ! Un voyage extraordinaire, comme on n'en a pas fait depuis des lustres et qu'on refera pas de sitôt. Je nous fabrique des souvenirs ensemble que je veux pas qu'on me les sabote, vous comprenez ? Alors les "images suspectes", les métastases si vous les voyez, chut. Gardez-les moi pour le retour.
Merci Monsieur Super Mario.
Merci pour le mensonge demain... Ou plus probablement pour la vérité qui sera bonne. Au fond, je crois à la bonne nouvelle... La vraie de vraie !