30 Septembre 2016
Il ne va pas aimer, mon Homme aimé, . Il ne va pas aimer, je le connais. Mais je le fais. Je le fais pas pour le déballage gratuit. Ce n'est pas du déballage : je me garde ce qui nous concerne au plus près . Et ce n'est pas gratuit : nos hommes encaissent le cancer et comme ils sont peu diserts, on ne se dit pas tout ce qu'ils se disent, on passe à côté de leur souffrance. On la suppose, sans soupeser le paquet. Ils en ont pourtant lourd sur les épaules.
Ce qu'il se dit mon Homme aimé, le voici. Il me l'a écrit ce matin. Je te lis son message ici :
Très touché par ton article. Oui, moi aussi je suis touché, moi aussi je suis limite. Et puis moi, t'as pas besoin de m'expliquer ce qu'est le cancer, pas besoin de m'expliquer ce qu'est un tueur en série, je sais tout. Ça ne se voit pas, je ne le montre pas, je ne t'en parle pas, je limite au maximum tous les risques de chute de pavés... Ça ne m'empêche pas d'y penser souvent, non, tous les jours en fait. Oh pas forcément de manière tragique, angoissée. Mais ton crabe, il est là tous les jours dans ma tête. Surtout cette semaine de secourisme (mon Homme aimé suit une nouvelle formation de capitaine de marine à Nantes) où l'on parle tant de santé, de l'utilisation du défibrillateur avec des personnes porteuses d'un site implanté, de traitement suivi ou d'antécédents médicaux quand on questionne la personne à secourir. Oui le crabe, il est bien là, dans ta vie, dans ma vie, entre nos vie, il nous pourrit la vie. Alors oui, je suis limite moi aussi. J'ai peur de l'avenir, j'ai peur que ce putain de tueur en série dégaine à la maison. En attendant, il nous tient en joue et ça a l'air de bien l'amuser. Il se dit qu'il a déjà gagné une bataille contre nous et ça le fait marrer ce sadique. Il doit se dire que pour l'instant, ça lui suffit et qu'il peut revenir quand il veut pour achever son oeuvre macabre, par surprise de préférence. En attendant, le sérial killer sévit ailleurs. On entend son signalement partout. Pas une famille n'est épargnée. Il fait un carton ce con de crabe. Ils doivent être plusieurs, c'est pas possible autrement : 150 000 morts en France en 2015. Beau score non ? Finalement avec nos voitures et nos 2 roues, on fait un score minable en comparaison (j'ai regardé, là c'est moi qui te parle ami lecteur : excatement 3616 morts l'an dernier). Il doit avoir vachement de complices le gros crabe noir et en plus, des complices malins. Tiens, regarde Monsanto qui répand son round up cancérigène sur toute la planète, eh ben il va peut être se marier avec Bayer qui va nous soigner (ou pas d'ailleurs...) contre le cancer ! Elle est pas belle la vie ? Il est pas beau le business ? Et pourquoi le crabe il s'attaque pas à la femme de M. Bayer ? Et celle de M. Monsanto ? Pourquoi pas elles ? Pourquoi nous, qui n'avons rien fait pour l'attirer ? Non, le cancer, il ne me lâche pas ma chérie. Et moi je ne peux rien faire. Je suis là, comme un con inutile. Mais bon, c'est comme ça, c'est mon rôle à moi dans cette tragédie familiale, tragédie qu'en même temps, je préfère interpréter longtemps, très longtemps, le plus longtemps possible même. Je t'aime.