9 Février 2017
2 mois sans causette...
Tu te dis que j'abuse, que je me foule pas, ou tu te dis rien de tout ça parce que tu m'as à la bonne (merci :). Moi je me dis rien de spécial. Juste que j'écris quand l'envie vient. Quand un truc me titille le coco ou le coeur ou les deux à la fois ; et que ce truc est mûr pour la cueillette et la consommation. C'est comme ça que c'est sincère. Je me dis que ça, tu le sens bien.
Le truc que je me mature depuis quelques semaines, il est lié à des considérations pas bien gaites qui sont remontées du tréfond du trou où je les enfouis pourtant très efficacement généralement.
À cause d'un film dans lequel j'ai revue Valérie tout récemment. J'ai 47 ans, l'âge qu'elle aura éternellement.
A cause d'Hélène que je ne connais pas. Mais que je connais quand même ; Et que tout le monde connait parce qu'elle blogue comme moi. J'ai 47 ans, l'âge qu'elle aurait eu sous peu, si son cancer n'avait pas décidé de reprendre le dessus cette année.
Je suis un tantinet mal à l'aise : je te parle de 2 personnes disparues alors que je ne suis rien pour elles, rien pour leurs proches. Je le fais donc avec moultes pincettes. Je veux d'ailleurs que tu notes bien que je ne m'autorise pas à leur rendre hommage. Je te parle d'elles parce qu'elles ont fait partie de ma vie ces dernières semaines. Je te parle d'elles parce qu'elles ont fait remonter les considérations pas bien gaites, du tréfond du trou où je les enfouis pourtant très efficacement généralement.
Je suis en vie aujourd'hui, le cancer s'est endormi, mais il finit toujours par se réveiller comme ça, clac !
Tant que je suis en vie aujourd'hui, je veux préparer ma mort. C'est même l'objectif numéro 1 de mon année 2017. Tout en haut sur la liste des choses à faire.
En janvier, j'ai donc attaqué le morceau, la mise à plat de ce que j'ai, de ce que je veux transmettre à mes petits hommes, le rendez-vous chez le notaire, le testament qu'il va me garder au chaud jusqu'à ce que clac !
Reste que je voudrais désigner un exécuteur testamentaire et ça... Ça mérite une réflexion costaude, toujours en cours à ce jour ! Je cherche quelqu'un de fiable (Ça, je te rassure, j'ai pas de mal à trouver). Je cherche surtout quelqu'un qui me connaisse suffisamment... Mais pas trop. Pour pas que la basse besogne ne me le remue trop tu comprends. Et c'est là que ça coince pour le moment. Je continue donc de réflexionner.
Reste aussi que je n'ai pas tranché sur la question "que faire du corps ?". S'il est limpide que je veux que l'on m'épargne la décrépitude en boite en me "crématoriant", je ne suis plus aussi catégorique sur la suite : mes cendres dans l'eau de l'océan, c'est conceptuellement séduisant... Mais concrètement pas simple pour mes petits hommes : ils ont besoin d'un petit coin cosy où me retrouver en cas de besoin. J'ai donc demandé à Papa-malicieux et Maman-douce où ils se voyaient "après". Pour m'y incruster. Histoire de pas me retrouver seule dans mon caveau. Pendant des lustres en plus, vu qu'il y a de très fortes chances pour que j'y aille un bon paquet d'années avant les miens. Mais à bientôt 70 ans, figure-toi que mes parents n'y ont pas encore réfléchi. Voilà qui ne m'arrange pas. Je vais probablement devoir trancher et me rencarder sur un emplacement sympa au cimetière du Croisic. Je passe devant en voiture, sur le trajet de l'école ou du collège. Un de ces quatre, je m'arrêterai pour aller voir ce qu'il y a "derrière le mur". Et puis je finirai par pousser la porte vitrée du magasin au coin de la place du Duc de l'Aiguillon. Les pompes funèbres locales. Mais pourquoi diable on appelle t-on ça "les pompes" d'abord ?!! Je viens de faire une petite recherche sur internet, le temps que tu te poses la question avec moi. Rien à voir avec les Shadocks. Rien à voir avec les chaussures du croquemort non plus. C'est juste que "pompa" en latin, ça veut dire cortège, procession. Nous voilà un peu moins ignares. En tous cas, je veux leur dire aux pompes, que je veux pas de grosse tombe en marbre sombre et lisse, avec mon nom gravé en doré dessus. Je veux juste mon urne dans un petit trou bien propre ; et au dessus de ma tête en poudre, je veux de l'herbe verte coupée ras, une plaque toute simple posée à plat, un ou deux blocs de pierre pour que celui qui viendra me faire la causette soit bien assis. Ça donnerait ça, mais sans la croix !
Et comme tu es en train de te demander qui est David Niven, le voilà !
Tant que je suis bien en vie, je vais aussi être bien claire sur ce que je veux pour mon enterrement : des au-revoir sympathiques et colorés à la maison, avec de la bonne musique, de la bonne bouffe (réunionnaise : samoussas, bouchons, sarcives et ti punch pour tout le monde !). Il y aura des films et des photos jolies de bibi en boucle sur la télé du salon. Comme ça, je serai là pour en profiter moi aussi. Je veux pas de cérémonie froide dans une salle carrelée aux murs oranges. Je veux pas de cérémonie à l'église non plus. Je veux pas d'église ! Je veux pas de curé ! Je veux pas qu'un inconnu parle de moi. Je veux que ceux qui m'aiment parlent de moi s'ils veulent. Qu'ils disent pourquoi ils m'aiment. Qu'ils racontent un truc rigolo qu'on a fait ensemble. Pas pour me flatter l'égo, hein ! Non, pour mes hommes. Pour qu'ils oublient un peu que je suis partie. Et je veux pas de fleurs de Lys. Je déteste les Lys. Les Lys, ça pue et ça me renvoie à la mort de ma Mamie-chignon adorée. Moi, j'aime les Renoncules ! Va falloir que je me débrouille pour mourir au printemps. Je viens d'apprendre que Ranunculus, le nom latin de la Renoncule, signifie "petite grenouille". C'est amusant les coïncidences parfois : mon Homme-aimé m'appelle "ma grenouille". Je veux des Renoncules blanches, roses (bien foncé le rose) et rouges. Mais pas jaunes. J'aime pas les fleurs jaunes. Quoi d'autre ?... Ah oui ! Je veux pas de photos à la mords-moi-l'épissure sur ma page facebook. Tu sais ?... Ces photos de paniers de roses, avec des noeuds-noeuds roses, sur fond rose flouté dans les coins. Il y a aussi la version fée ailée sur la branche d'un arbre au dessus d'un lac blanc. Ou encore la flammèche d'un photophore cerclé de pétales pales sur une nappe damassée. Tu les vois bien les photos pourries ? J'EN VEUX PAS ! Et puis je veux pas non plus qu'on inonde ma page de mots contris, de RIP, de pax-amor et patati et patata... Quoi encore ?... Ah oui, je veux pas de ces messages larmoyo-mieleux : "là haut, tu ne souffres plus", "tu veilles encore sur nous", "tes enfants peuvent être fiers de toi"... Je ne serai pas "au ciel" d'abord, encore moins "une étoile dans le ciel" et du fond de mon urne, je serai pas en état de "veiller" sur qui que ce soit. Ensuite, mes enfants ressentiront bien ce qu'il voudront, à commencer par un immense chagrin, alors pour la fierté imposée... Bref, qu'on leur fiche la paix. Pardon hein, d'être un peu raide sur ce coup là. C'est que j'ai vu tant de... déballage pour d'autres que je ne veux pas pour moi. S'il te plait, ne me fais pas ça d'accord ? Si tu me connais au point d'avoir le téléphone de mon Homme-aimé, tu lui envoies un petit mot doux pour le requinquer, lui proposer ton aide. Ça, ce sera chic. Si tu me connais moins et que tu n'as pas le téléphone de mon Homme-aimé, laisse un message privé sur la page des crabes.
Voilà.
Mon Homme-aimé va encore se dire que je suis pas possible, que je suis une brute aux idées trop arrêtées et qu'on n'en est pas encore là. C'est vrai. Je suis une brute bien vivante qui sait ce qu'elle veut. Je touche le bois de mon bureau pour que cela dure et je file préparer les valises des vacances !