12 Septembre 2017
En plus, la chance n'a pas été souvent de mon côté :
Dans l'enfance, c'est mon grand-petit-frère-sauvage qui avait la baraka : lui, qui trouvait les billets sur les trottoirs, les pièces dans les machines à sous... Mais non, mes parents ne nous trainaient pas au casino. C'est juste ce voyage à las Vegas quand nous étions petits.
Au Stardust, sur le Strip, mon frère et moi raclions avec constance tous les manchots de la salle de jeu du rez de chaussée. Je n'ai jamais rien ramassé. Lui, si. Une splendide, magnifique, monstrueuse pièce de un dollar ! Il était fier. J'étais envieuse. Je n'avais pas sa veine pour les hasards heureux. Il s'enrichissait aussi dans les cabines téléphoniques. Oui dis donc, figure toi jeune lecteur, que dans les années 80, France Télécom nous a équipés les rues de cabines téléphoniques à pièces, avec des fentes de toutes tailles pour glisser des pièces de toutes tailles, de 20 centimes à 5 francs.
Même qu'il fallait arriver avec un paquet de piécettes pour le passer en entier ton coup de fil ; tu enfournais frénétiquement les pièces... Vite, plus qu'une dans la goulette ! Parce que pour ajouter à ton stress, tu les voyais disparaitre une à une les rondelles : les goulettes étaient vitrées. Tu fouillais les poches de ton jean pour te redonner le temps d'une phrase, ce truc essentiel que t'avais pas dit encore et paf ! Avalée la dernière pièce ! Disparue dans le ventre du téléphone ! Conversation coupée au milieu de la phrase... Autres plaisirs liés à l'hygiène toute relative des utilisateurs de ce monument de modernité : la cabine pouvait sentir l'urine, c'était même fréquent ; le combiné, collant, te restituait très précisément de ce qu'avait mangé ou fumé ton prédécesseur et le rose d'un chewing gum Malabar agrémentait souvent la grisaille de la machine. C'était gai, mais mal pratique ; surtout quand la gomme était fichée dans la fente de 1 franc. Bref, tout ça pour te dire que je n'aime pas m'en remettre au hasard, le hasard ne m'aimant pas des masses.
La nuit dernière, réveillée vers 4 heures, je me suis donc mise à cogiter :
1- Ce qui m'importe le plus aujourd'hui, avec ces... je ne sais quoi revenus dans mes poumons, c'est de savoir à quoi j'ai affaire. Métastases ou pas, ces machins me gênent et m'empêcheront de respirer tout à fait si on ne les déloge pas derechef !
2- Je vois le pneumologue lundi prochain. Que puis-je faire pour l'aider à trouver ce qui me grignote ?
À l'ICO, on a prévu de me remettre mes 3 derniers scanners pour les lui montrer. Novembre 2016. Mai 2017. Septembre 2017, celui que j'ai passé plus tôt parce que je m'inquiétais de m'essouffler en parlant. Essoufflement encore subtile, mais certain. Je me dis que c'est bien, ces 3 scanners. Mais pas suffisant sans doute, pour aider mon spécialiste du poumon à se faire une idée juste : sur les 3 examens, les bidules, les nodules sont là, déjà. Discrètement sur le premier. Bien installés sur le second. Un poil plus gros sur le dernier. Il n'aura guère que 3 photos de la même chose à différents stades.
Ne faudrait-il pas que le gars voie mes poumons bien métastasés des débuts, en juillet 2012, pour faire une éventuelle providentielle différence ?
Et comme mes poumons "normaux" sont tout à fait anormaux depuis la première radiothérapie de 1997, comment pourrait-il savoir ce qu'est chez moi un poumon "normal" auquel se référer, s'il n'en a pas la photo sous les yeux aussi ? Il faut ajouter un scanner de 2015 après la rémission !
Je me note illico ces 2 trouvailles sur le cahier dont le titre, "Mémoire de poisson rouge", en indique clairement l'usage : sur ma table de nuit, il recueille le fruit de mes réflexions nocturnes. Double avantage : je dors mieux après, une fois la fiole vidée de son contenu et je retrouve le dit contenu le lendemain matin, je n'oublie rien ! Ce matin, 8H05, après le départ du dernier petit homme, lecture du cahier. 9 heures, ouverture des bureaux, j'appelle l'ICO ! L'assistante de Super Mario est une perle. Intelligente. Empathique. Efficace. Elle écoute. Elle acquiesce. Elle ajoutera les 2 scanners à mon dossier.
La suite au prochain épisode ! Lundi assurément.
Si tu as manqué le début de mes dernières (més)aventures, ça commence ici.
Pour le tout début, c'est là.
Et au tout, tout début, il y a aussi ça !
Ah, et ne m'en veux pas : je ne me relis pas. Il y a peut-être une coquillette ici ou là. Ce n'est pas que je m'en crisse, comme disent les québécois je crois, c'est qu' Isséo le chien-chocolat m'attend pour sa promenade du matin. Je file aérer sa truffe sur la côte sauvage et la mienne avec !