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Les crabes dansent au Croisic

Je ne guérirai pas, mais je vis gaillardement (la plupart du temps) : FAUT PAS GÂCHER !

L'épilogue du lundi matin

L'épilogue du lundi matin

Catherine Chayenko Cerisey, mon amie et blogueuse, militante-cancer de la première heure, a réagi à ma publication d'hier au sujet de la campagne #MONKOMBAT de La chaîne Rose.

 

Merci très sincère Catherine (Chayenko Cerisey. Je précise pour la compréhension : avec nos 2 prénoms similaires, on se perd ! :), parce que ta réponse permet l'éclairage, l'échange et le débat. Et merci de m'autoriser à publier ici tes mots, puis les miens.

Je ne le fais pas pour convaincre, rallier derrière ton avis ou le mien, déterminer au suffrage, qui ne nous deux a tort ou a raison. Comme tu le dis, communiquer sur le cancer, c'est incroyablement complexe. Chacun le fait finalement avec ce qui l'a construit, ses convictions et son coeur.

Je le fais simplement pour que chacun puisse en prendre connaissance et cogiter.

 

Catherine Chayenko Cerisey :
" Et bien pour le coup je ne suis pas d’accord avec toi ma belle. D’ailleurs pour être tout à fait honnête j’ai participé à la campagne. Pourquoi ? Parce que pour une fois on sort du rose bonbon d’octobre, parce que on en parle en dehors de ce mois là. Parce que justement pour une fois on parle de celles qui rechutent et on ne cache pas la réalité. La métaphore du combat est peut être « maladroite » mais elle dit bien ce qu elle veut dire même si elle ne parle pas à toutes. Et pour répondre à certains commentaires, à aucun moment il n’est question de courage... comme vous toutes je sais ô combien qu’il n’est pas question de courage dans cette histoire. Que pour reprendre la métaphore guerrière comme les soldats dans les tranchées nous n’avons pas le choix. On y est et faut y aller ! Tu sais Catherine à quel point je suis attentive à ce genre de campagne et en tant que blogueuse j’en ai allumé plus d’une. Je pense qu il n’y a pas plus compliqué que de parler juste du cancer du sein sans oublier personne ... c’est le cas ici ! Pas de rose pas de ballon pas de sourire satisfait d’avoir remporté le combat! Voilà. Mais nous ne pouvons pas toujours être d’accord hein ? "
Catherine Barre Gascoin :
" Bien sûr Catherine qu’on peut ne pas toujours être d’accord. Je savais qu’on ne le serait pas sur cette campagne. Je savais aussi que tu y avais participé. J’avais préféré ne pas y réagir lorsque tu l’as partagée à son démarrage. Hier, ce qui m’a poussée à le faire, c’est d’abord la réaction à peine croyable de cette dame, selon laquelle les témoignages autour du cancer ne sont valables que s’ils rassurent avec des guérisons !
 
Tu as raison : cette campagne constitue déjà un progrès par rapport aux discours trop positifs pour être honnêtes des illuminées qu’on nous impose depuis une décennie («mon cancer du sein, quelle chance ! La vie est tellement plus belle depuis ! Et bla bla bla... « ) . Cette campagne au moins dit la dureté de la maladie et la rechute pour certaines.

Mais le film ne va pas au bout de ses bonnes intentions : il se garde bien de dire que les récidivantes ne guériront jamais. Que pour celles là ce sera le KO, malgré le combat. Le grand public est convaincu que l’on guérit immanquablement du cancer du sein Catherine ! Là, on le conforte dans l’idée reçue que si on se bat, on y arrive ; on peut récidiver, mais on se bat encore et on y arrive !

Le film pêche donc par omission. Et par excès : la dramatisation du cancer, la glorification des combattantes... Pour moi, on se tire une balle dans le pied : d’abord, on sait que ça ne fait pas de bien aux femmes qui ne gèrent pas le cancer à la Rambo. Elles sont nombreuses, elles le disent. Ensuite et surtout, on plombe un peu plus les espoirs de réhabilitation des « métastasées ». Plus la combativité et l’héroïsme seront mis en avant pour se soigner du cancer, plus on induira à coup sûr pour les ignorants et ils sont légion ! Que celles qui ne s’en sortent pas, n’ont pas fait ce qu’il fallait. Elles n’ont pas combattu.

Regarde cette fameuse compétence crée sur LinkedIn par cancer@work, j’en parle aussi, parce qu’elle est symptomatique du regard porté aujourd’hui par la société sur le cancer. C’est la même chose ! « Fighting cancer, pour faciliter le retour au travail des anciens malades » ! C’est eux qui l’on répété et répété au moment du lancement. « Anciens malades / fighting cancer ». Il n’y a pas pire association pour enfermer un peu plus les métastasées (les métas-mauviettes) dans leur ghetto. Les métastasées, elles valent pas la peine ou elles font peur ou les deux, en tous cas, on n’en parlent pas. Elles n’existent pas.

La société doit évoluer ! Elle doit cesser d’ignorer les dizaines de milliers de femmes que nous sommes ! Elle doit compter avec nous !
Pour que la société évolue, chacun a la responsabilité de parler juste, en particulier les associations.
Pour parler juste, je pense qu’il faut tout simplement être réaliste, exhaustivement réaliste. Et se garder des raccourcis publicitaires.

J’espère t’avoir sensibilisée à mon point de vue. Note que je n’ai pas écrit « convaincue » 🙂 J’espère quand même avoir fait bouger quelque chose car tu es notre ambassadrice la plus visible et la plus influente."

 

Catherine Chayenko Cerisey :
" Convaincue, peut être pas, mais tu sais que je te comprends. Ce clip est court et il est difficile de faire passer tous les messages en quelques secondes. Tu sais combien il est important pour moi de casser les codes de cette communication à l’eau de rose que véhicule le cancer du sein. C’est une goutte d’eau, un début, une façon d’en parler autrement. On ne peut pas plaire à tous et on choquera dérangera interpellera et on en parlera... autrement. Ce film permet ça aussi et c’est bien ! Baisers "
 
L'épilogue du lundi matin
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