26 Juin 2013
Madame et Monsieur Fromze Bridge sont nos voisins. C'est un couple de septuagénaires pimpants et enthousiastes. Ils sont partis revoir l'Islande en camion maison (On parlerait de "camping car" dans le langage d'aujourd'hui. Je préfère "camion maison" depuis l'enfance. C'est bien plus joli, avouez). Bref. 3 mois de périple itinérant pour Madame et Monsieur Fromze Bridge, pendant lesquels leur descendance citadine profite du beau manoir breton avec vue sur la jetée du Tréhic. Enfants et petits enfants Fromze Bridge sont certainement très joyeux de quitter la ville : lorsqu'ils arrivent au Croisic, ils expriment très fort leur contentement, dans le jardin, autour d'une belle tablée et de quelques bons muscadets... La nuit.
Je suis réveillée depuis 5 heures du matin.
Je suis heureuse qu'ils soient heureux à côté. Mais enfin, après 3 nuits sans sommeil, je dormais bien cette fois ci. A cause des festivités voisines, j'ai repris conscience de mon souffle court, de cette respiration que je dois forcer pour me remplir d'air à peu près. Et puis j'ai ressassé ce retour de Nantes farci de cogitations avec mon Homme.
Un éminent spécialiste du poumon malade a scruté mon dernier scanner, l'a comparé avec un autre de 2010 du temps où je respirais bien, m'a fait souffler moult fois dans un appareil le nez pincé, de tout plein de façons différentes, mais toutes différentes de la façon dont on respire normalement. J'ai haleté, puis j'ai soufflé fort. J'ai inspiré un bon coup, puis j'ai soufflé un bon coup. J'ai re soufflé sans reprendre mon souffle... Et je suis sortie de la cabine bien essoufflée. Quelques bouffées de Ventoline m'ont requinquée pour entendre le verdict sans surprise : le haut du poumon droit cramé par la radiothérapie de 96, le côté par celle de 2010 et un syndrome interstitiel (paroi du poumon épaissie). Je sais cela depuis longtemps. Je suis avertie des vilains tours que mes poumons fatigués doivent me jouer au fil des ans.
Mais pour trouver une explication nouvelle à l'élément nouveau de mon essoufflement et de ma toux, là... Mystère et boule de gomme ! Soit il y a comme l'été dernier, des métastases bien planquées avant l'invasion à découvert d'ici quelques semaines. Soit il y a des bactéries quelques part dans les zones lésées par la radiothérapie. Il me faudrait passer un nouvel examen...
Nous y voilà donc ! J'ai le temps d'y réfléchir ? Ah mais tant mieux éminence, parce que je vais bien y réfléchir. Je vais bien réfléchir oui, à cet examen invasif qui ne donnerait aucune réponse sûre à la seule question qui m'importe : EST CE QUE CE SACRE FOUTU CANCER DE M... EST DE RETOUR ?!
Admettons que je fasse cet examen, et avec la maxi dose d'éléphant d'anesthésiant cette fois, admettons. Ils me prélèvent des tronçons de poumons un peu partout et ils les remontent à la surface pour analyse, admettons. Si ces morceaux ne sont pas métastasés, admettons ça aussi, cela n'élimine pas catégoriquement l'hypothèse de la récidive métastatique. Et bé non ! Parce qu'il aura très bien pu se planquer ailleurs le filou. Et bé oui ! L'éminence ne me l'a pas caché. Il a même été très explicite sur ce point.
A moins que ma respiration ne redevienne très difficile à la fin du traitement de cortisone dimanche, à moins du coup d'avoir un besoin urgent d'éliminer ou de confirmer la piste bactérienne pour la traiter dare-dare, la fibroscopie de s'impose pas.
attendre
et me surveiller comme le lait sur le feu,
ou attendre
et me surveiller comme le lait sur le feu.