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Les crabes dansent au Croisic

Je ne guérirai pas, mais je vis gaillardement (la plupart du temps) : FAUT PAS GÂCHER !

Je pédale dans l'eau !

Je reviens de Guérande, toute molle des guibolles et chauffées des alvéoles.

 

La faute à l'aquabailleque.

La brochure du centre aquatique d'ici dit :  l'aquabike c'est du vélo dans l'eau ! Cette activité vous demande un travail cardio important. L'eau apporte une résistance et accroît l'effort musculaire. Le mouvement de l'eau fait l'effet d'un massage drainant, diminuant l'aspect peau d'orange. Cette activité permet d'affiner et de sculpter votre silhouette.

Je pédale dans l'eau !

Première séance aujourd'hui donc.

Une demi-heure de pédalage frénétique, en avant, en arrière, debout, assise, couchée sur le guidon, à côté du vélo, abdos, sauts, très hauts, en rythme, musiques electro-pop des plus véloces.

Pour le sculptage, je sais pas. Mais pour "l'épuisage" en revanche, ça marche bien. J'ai dit "pouce" au bout de 5 minutes. Le jeune moniteur a levé le nez. Bronzé de l'été, galbé des pectoraux, moulé au millimètre dans son mini slip SPEEDO. Dans un sourire blanc étincelant, il m'a répondu :

"Aaah c'est plus dur qu'à Massy, hein ?!"

Il avait lorgné mon sac estampillé AQUA BEBE MASSY, du temps de ma vie d'avant, quand j'accompagnais les petits hommes à la piscine pour leurs premiers bains. Après la séance, je prends le temps de lui expliquer la sportive que j'ai été, la malade que je suis devenue, l'envie de me reconstruire malgré tout. Il ne recommencera pas.

 

J'y retournerai.

Chaque mardi à 14H. Même si je dois me sortir les poumons sur le guidon ! En vérité, je suis en colère. Et en colère d'être en colère.

J'étais sportive, endurante, musclée, capable de nager des heures, des kilomètres, sans état d'âme. Je m'entrainais, je m'entrainais, je m'entrainais. À la nage, à la plongée, aux exercices de sauvetage en plongée. Je plongeais "comme un homme", mieux que certains hommes même. Dans le courant, les eaux froides, les profondeurs. Et que suis-je aujourd'hui ?... Une femme fatiguée. Essoufflée au premier coup de pédale. Douloureuse dès qu'il faut passer le bras droit au dessus de la tête pour un petit crawl. Infoutue de porter ses propres enfants.

 

C'est dur de penser à celle que j'étais.

Il ne sait pas lui, le maillot SPEEDO, quelle fille j'ai été. Moi aussi mon tout beau, j'étais belle. Galbée-moulée pareil ! C'est dur.

Je l'ai dit un jour au psychologue de l'IGR qui assistait patiemment mes purges hebdomadaires au début de la maladie : "le cancer, c'est dur en général, pour celui qui en écope. Et pour celui qui part d'une vie heureuse, celui qui part de haut, c'est une atrocité".

 

Il ne faut plus penser à celle que j'étais.

Il ne faut plus chercher à redevenir celle là. Je secouer la tête et la vider de ces impossibilités. Je dois me dire simplement que je veux retrouver un peu de souffle, un peu de souplesse dans les articulations et gagner un peu plus de sable dans mon sablier. "Simplement..."

 

J'y retournerai mardi prochain. Et tous les mardis d'après.

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