5 Août 2013
L'été, le lundi après 21H sur notre presqu'île, c'est ZI ivènete ove ze ouique !
Les badauds arpentent le petit port de pêche par dizaines, des familles, des poussettes, des chiens, des chiots comme Isséo, frétillant de la queue, submergés par l'excitation de faire partie de la fête. Ça sent bon le sucre vanillé de la Barbapapa et le gras chaud de la gaufre au Nutella. Les étals longent les façades de pierre, babioles bariolées, bibelots bigarrés, bracelets du Brésil, tresses d'Afrique et tatouages réalisés sur place... Ça et là, aux emplacements phare, du cracheur de feu, du fakir, Yann et les 'Gars de chez nous' chantent 'un fameux trois mats' devant l'ancienne Criée et à l'angle de la place Donatien Lepré, tout proche des fontaines de l'hôtel d'Aiguillon,
Pour atteindre le magicien de la baudruche, la queue est COLOSSALE. Je regarde la file d'attente. Je regarde les petits hommes implorants. Je regarde la file d'attente... Je me place dans la file d'attente. La progression est lente. Très très lente. Pour tirer le meilleur parti de ce moment fastidieux, je discute avec mes compagnonnes d'infortune. Des femmes, des mamans, des grands mamans progressent péniblement avec moi sur le chemin du calvaire de Sainte Baudruche (Où sont donc les hommes ?... Pas de commentaires féministes faciles sur ce nouveau constat flagrant d'iniquité, bien que cela me chatouille fort). Enfin, me voilà devant l'icône... Et je comprends la raison de la file sans fin : qu'il est lent le dieu du boudin inflaté... Mais qu'il est lent !!! Quand on a devant soi une bonne vingtaine de gamins impatients-trépignants, on active la cadence, on donne dans le simple et efficace, on arrête de peaufiner les poipoils de la crinière jaune du cheval, on ne fait pas de zizipanpans jusqu'au pommeau, sur la branche de garde du sabre,
ON FAIT VIIIIIIIIIIIIITEEEEEEEEUUUUUUUUUU !!!
Alors que je fantasme sur les mille et une façons de lui faire bouffer ses ballons jusqu'au dernier, je demande aimablement au besogneux de la bulle une épée rouge pour le petit homme.
"Elle sera rose !"
Grand plaisantin va. Une épée rose, mais bien sûr... Pour mon gaillard de 9 ans... Bon on arrête de rire maintenant, on se rassemble, on se tient bien droit et on fait ce que la dame a dit, d'accord ? Une épée rouge.
Mais non, il empoigne un machin rose vif dans sa mallette et il gonfle et il sourit et il gonfle et il sourit et il tord son bidule et il sourit et il finit par tendre fièrement son oeuvre contre nature au petit homme dépité. Refus catégorique instantané : non, non, non et non, le petit homme n'en veut pas. Là, il est content le champion de la farce ? 5 minutes d'attente supplémentaire pour que dalle ! Il a compris maintenant ?
UNE ÉPÉE ROUGE ! CARMIN ! CRAMOISI ! ÉCARLATE ! POURPRE ! PURPURIN ! ROUGE SANG COMME CELUI QUI VA GICLER BIENTÔT PARCE QUE JE VAIS TE SAIGNER AVEC TON ÉPEE ROSE DU CON !!
Ça y est il s'y colle enfin le clown. Il a saisi. Ballon rouge. Gonflage en 2 coups de pompe. II a mis le turbo. Façonnage, manipulation... Explosion ! Bon. Il l'a pas fait exprès. Il va se ressaisir. Il va arrêter de transpirer et il va s'y remettre sans précipitation cette fois. Re gonflage, re façonnage, re ballon rouge. Pendant qu'il manipule, je récupère le sabre atomisé de l'essai précédent. Je m'occupe, je triture, je tords, et tiens... Qu'est ce que c'est que cette petite excroissance là, juste sur l'aile de mon papillon débutant ? Cette petite boule, oui...
"c'est un papillon qui a le cancer !"
Et qui vient d'asséner cette affirmation subtile, je vous le donne en mille ?!!... Le sculpteur de ballons !
Très drôle. Allez, au revoir rabat-joie.