27 Août 2013
Je viens embrasser le tout petit homme dans son lit. Il pose ses petits bras robustes autour de mon cou et me dépose dans l'oreille cette déclaration insolite :
"Je t'aime à mort."
Je lui rends la pareille : je t'aime à mort aussi mon petit. Il renchérit :
"j'espère que tu feras des beaux rêves. Et qu'il n'y aura pas de noir."
Il n'y aura pas de noir non. Le noir est banni. Je fais des rêves en couleurs moi mon petit. Multicouleurs ! C'est le petit homme, son ainé de 3 ans, qui le prononce comme ça. Je n'ai pas envie de corriger la torsion qu'il impose au mot d'origine. Ainsi dit, c'est tellement plus joli.
Mais cet échange étrange soulève de nouveau des questions chez moi.
LA question :
Mes amours, mes touts petits, savez vous que vous risquez de me perdre plus tôt que la normale ? Savez vous à quel point je suis malheureuse de ce mauvais tour que je vous prépare sans le vouloir ? Savez vous combien je vous aime, combien je cogite parfois, comme ce soir et combien je suis malade de cette situation contre nature quand je cogite ?
Non bien sûr.
Je fais mon possible pour que cette saloperie qui me ronge ne s'attaque pas à celle que je suis, à nous, à nos relations, à nos vies, à l'enfance légère à laquelle vous avez droit. Je rie, je crie, je fais beaucoup de bruit, je ne perds pas souvent mon enthousiasme.
Je suis moins gaillarde, c'est certain. Je bouge moins. Je ne suis plus capable de courir, de jouer à chat, de vous porter, de vous lancer dans l'eau dans un grand splash et de grands rires, je ne suis plus la nageuse d'avant, je ne plonge-sous-marine plus non plus. Quand l'un de vous 2 se pend à mon cou, je dis "arrête, tu vas me casser !". Bien souvent, je dois vous calmer, avouer "je suis fatiguée".
Maman-Malade. Vous savez ce que c'est. Maman-Malade. L'un ne va plus sans l'autre et vous avez intégré. Même si vous n'en mesurez pas la gravité. Maman-Malade. C'est presque la normalité. Vous étiez si petits tous deux quand c'est arrivé. 2 ans. 5 ans. Quand j'y pense, mes tous bébés...
On est bien comme ça, ici, malgré la maladie. Pas vrai ? Ben oui. C'est ça qu'il faut se dire. C'est ça qu'il faut retenir. Un bonheur condensé. Mais un bonheur quand même et ça mes p'tits gars... C'est pas tout l'monde qui peut y arriver :)
Et puis si ça s'trouve, je vais durer.