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Les crabes dansent au Croisic

Je ne guérirai pas, mais je vis gaillardement (la plupart du temps) : FAUT PAS GÂCHER !

Jour de SCINTIGRAPHIE, WiiiiiiZZZZZZ !

Mais c'est-quoi-t-est-ce-que-c'est-donc la scintigraphie ?

Réponse A : La mesure du scintillement des étoiles.

Réponse B : L'analyse hyper complexe d'un graphique scindé.

Réponse C : balance la soluce, il est relou ton quizz !

La scintigraphie, c'est l'examen qui met en évidence les cellules osseuses atteintes par le cancer.

On commence par t'injecter un liquide radioactif dans les veines Des Diphosphonates marqués au Techénétium99m, ce nom de Golgoth déjà... Bref, les Diphosphonates "Techénétiumisés" se fixent sur les os. Pour ça, faut laisser reposer la potion magique pendant trois heures. Et quand ça rayonne un max, on te passe dans une machine, qui va capturer les rayons et prendre des photos de partout. C'est la gamma caméra. Du Goldorak j'vous dis : rayon Gammaaaaaaa ! Cornofulgure ! Fulguropoint ! Goldorack go et... On revient à l'injection.

Je fais court sur la torture de la piqure. Sur le dessus de la main gauche la piqure, parce que partout ailleurs, les veines sont carbonisées depuis longtemps par trois traitements pleins de chimiothérapie. Et j'ai de la chance aujourd'hui : ils utilisent une épicranienne. Le genre riquiquifine qu'on glisse ni vue ni connue dans les vaisseaux du crâne, bébé compris. Si même les bébés y ont droit, tu imagines la micro mini petite aiguille. C'aurait été un autre calibre, j'aurais refusé la piqure et l'examen parce que c'est trop de douleurs. Il y a longtemps qu'on ne me pique plus qu'exclusivement dans le PAC...

Sauf que le PAC aujourd'hui, c'est tintin la balayette : le produit qu'on t'injecte pour la scinti, il est radioactif. Et ils aiment pas beaucoup à l'hôpital, qu'un produit radioactif puisse stagner comme ça dans la boiboite et continuer d'irradier. Donc, piquouse sur la main. Je demande quand même que ce soit un anesthésiste qui pique à la place de l'infirmière, parce qu'en gros, si la première tentative est foirée avec la seule veine d'à peu près premier choix qu'il me reste, pas de scinti pour bibi, é finito pour bibilolo ! Pas de place pour un deuxième essai. Voilà donc mon anesthésiste qui arrive et qui opère sous les yeux de l'infirmière que j'ai vexée. Elle secoue la tête dans le dos du médecin qui me tape sur les veines pour me les faire sortir (ça aussi, un vrai plaisir les baffes sur les veines...). Bref, injection, compresse et sparadrap, peau jaune-bétadine sur toute la surface de la main à l'exception je le verrai ensuite, d'un bel oeuf de pigeon bleu à l'endroit de la piqure.

Me voilà radioactive jusqu'à demain ! On me recommande comme à chaque fois, d'éviter le contact trop rapproché avec mes petits hommes et mon Homme aimé pendant vingt-quatre heures. La routine. Et encore, il y a dû avoir des progrès là aussi : il y a quelques années, je me souviens que l'infirmière m'injectait son cocktail Molotof planquée derrière un muret isolant qu'elle trimballait sur roulettes partout avec elle ; cocktail que je recevais moi, sans protection aucune, directement dans l'avant bras... Ce produit tout à fait nocif dirons-nous, marine ensuite trois bonnes heures avant le passage dans la gammaaaaaaaaaaaacaméraaaaaaaaaa ! C'est interminable trois heures à l'hôpital. C'est le temps requis pour que tout se fixe bien partout sur les os. Et c'est plus qu'il n'en faut pour que me vienne une féroce envie de pipi ! C'est que je bois pour drainer, évacuer le poison de la mixture. Il faut d'ailleurs des reins en bon état de marche pour la scintigraphie. Pour le vérifier il y aune semaine, j'ai eu droit à une prise de sang, dans le PAC, pour récupérer le dosage de la créatinine. Le pipi étant radioactif, il n'est autorisé que dans les toilettes prévues à cet effet dans le couloir. Je pousse donc la porte des TOILETTES POUR PIPI RADIOACTIFS !

Jour de SCINTIGRAPHIE, WiiiiiiZZZZZZ !

On m'appelle enfin pour le passage dans la machine. Grosse machine. Aspect baleine. Je m'allonge. On me sangle comme une forcenée. C'est pour le "confort du scintigraphié" en réalité, pour lui retenir les bras sur la planche. C'est vrai que les planches d'examen sont tellement étroites, que ça finit par faire mal de maintenir les membres le long du corps dans le quasi vide. Je remercie donc les sangles. Mais je me dis en même temps, que ce pourrait être bien pour le "confort du scintigraphié", de concevoir des planches plus larges de cinq centimètres... Une tablette grise descend très bas, très très bas, presque à me toucher le nez ! Je suis sûre que si je sors la langue, je peux la lécher ! Je ne le fais pas bien sûr : dans la famille, on a des principes... Comme celui de ne jamais lécher les assiettes en public ! Or, du public dans la pièce, il y en a. C'est un chouya désagréable ce plafond trop près de ma tête. Il y a une croix, comme une cible inscrite dessus. Je finis par fermer les yeux parce que loucher sur cette croix si proche finit par me faire mal aux orbites ! Début de l'examen, la tablette se déplace. A moins que ce ne soit la plaque sur laquelle je suis allongée. Non, c'est la tablette ! En tous cas la croix s'éloigne et ça soulage. Je ne suis pas trop claustrophobe, mais enfin, avoir si peu d'espace devant les yeux, c'est peu confortable. La tablette est partie loin. Je suis sortie de la mâchoire de la baleine. C'est une baleine bleu clair de marque SIEMENS. On remarque tout dans ces moments là. On tue le temps, on laisse trainer ses yeux, on compte le temps de l'aller, le temps du retour, le nombre de diodes lumineuses dans le gosier de la bestiole, les marques au plafond, la marque PHILIPS inscrite sur les néons dans leurs rails... et la marque de la baleine !

Enfin la fin de l'examen... Ah non... qu'est ce qu'elle me dit ? L'assistante du médecin nucléaire me dit qu'elle va refaire un passage sur le bassin. Pour approfondir. Approfondir, approfondir, mais approfondir quoi au juste ? C'est le médecin qui viendra m'en parler ? Mais pourquoi pas elle ? Je me dis que ça sent très mauvais...Ça sent bien le roussi même. Voilà que je gamberge pendant que la baleine bleue tourne autour de moi maintenant, par à coup, lentement. Qu'est ce que c'est long nom de nom ! J'ai tout le temps d'imaginer le pire. Les métastases, le retour. Je me dis aussi que je n'ai pas peur de la mort, je me suis faite à l'idée, mais enfin là, ce serait trop tôt, j'ai encore plein de choses à faire. J'en suis là quand on m'annonce que cette fois, l'examen est fini.

J'attends le docteur pour les résultats. Il, elle est très jeune ce, cette docteur. Moins de trente ans. Mais elle me dit des trucs que je n'ai jamais entendus depuis huit mois que je me soigne ma récidive. Elle n'a rien vu à la scintigraphie. Donc : pas de métastases, le retour. Soulagement. En revanche, j'ai mal. J'ai très mal au dos et aux hanches. Je ne sais plus ce que c'est que de me lever le matin sans sentir la douleur. Elle s'est installée et je me suis résignée à vivre avec elle désormais. Du coup, la demoiselle est allée fouiller dans les images de mes précédents scanners pour comprendre, sans se contenter des comptes rendus qui ne font état jusqu'ici que de deux vertèbres touchées par le cancer en plus des poumons. Elle est consciencieuse cette jeune femme. Et elle m'apprend que le fémur gauche, à la jointure de la hanche, est lui aussi abîmé. Nous y voilà... MAIS JAMAIS ON NE M'A PARLÉ DE MÉTASTASES DANS LA HANCHE À MOI !!! Tant qu'on y est, je lui demande "y a t-il autre chose qu'on ne m'ait pas dit à l'époque ?" Eh bien... oui en fait, il y a une troisième vertèbre touchée et la hanche droite.

Je dois avoir la figure des dessins animés de Tex Avery : BAM ! La bouche béante et la mâchoire inférieure sur le sol. Instructive donc, la scintigraphie du jour. La bonne nouvelle, c'est qu'il n'y a plus de métastases visibles aux poumons, je ne vais pas mourir tout de suite. Et j'ai l'explication des douleurs endurées depuis des semaines. C'est d'ailleurs la mauvaise nouvelle : poussées dehors par la chimio, les métastases osseuses ont laissé la galerie des glaces derrière elles. Comme les termites dans le bois : on trucide les termites à coups d'insecticides, mais on a toujours les trous dans la commode de mémé après. Je dois donc me faire à l'idée nouvelle d'un joli gruyère dans les os du bassin.

Boooouuuu, c'était long ce soir... Je ne vais pas me relire. Pas le courage ! Merci de fermer les yeux sur les fautes s'il y en a. Et Merci aux courageux qui seront venus à bout de ce récit interminable !

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