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Les crabes dansent au Croisic

Je ne guérirai pas, mais je vis gaillardement (la plupart du temps) : FAUT PAS GÂCHER !

Le mystère du plat à bassin.

Le plat à bassin est un objet bien pensé. Indiscutablement indispensable. Et insolite aussi : on ne pourra jamais s'en figurer l'existence avant de l'avoir rencontré.

Tu feras la connaissance du plat à bassin moyennant la réalisation de 3 conditions :

  1. Être hospitalisé(e).
  2. Avoir envie de faire un bon pipi.
  3. Ne pas être capable d'aller aux toilettes pour te soulager.

... Et j'en oubliais une 4ème de taille : être une femme ! Les hommes ont droit à un autre dispositif, mieux adapté à leur "matériel".

Ces conditions étant réunies, te voilà contrainte d'aborder "la chose" avec premier qui se présente dans ta chambre. Si tu as du bol, ce peut-être ta Maman-douce. Cependant, comme le disait mon professeur de mathématiques de seconde, il convient d'intégrer que la probabilité de l'événement "envie de pipi à l'hôpital / visite de Maman-douce" est faible dans l'univers des possibles ; et que, et là c'est moi qui te le dis : je n'ai jamais été vernie au grand jeu du hasard ! Pour mon envie de pipi à Gustave Roussy ce jour là, ce sera donc Mauricette. Elle est pas méchante Mauricette, mais personne ne peut le savoir, parce qu'à la voir comme ça... C'est massif, carré, costaud et pas causant. Je lui fais part de mon besoin. Elle me tourne le dos, disparait dans la salle d'eau de ma chambre et revient avec le plat à bassin.

Le mystère du plat à bassin.

La description la plus proche de l’objet serait une pissotière aplatie et mise à l’horizontal. Un réservoir, des rebords, une poignée. Le tour est joué !

Mauricette me glisse le plat sous les fesses, s'assure un minimum que le machin est dans l'axe du bidule pour que je ne lui fasse pas les grandes inondations à côté de la cible. C'est que c'est du boulot, un lit à refaire avec alèse, draps, couverture et tout l'toutim ! Alors elle fait gaffe Mauricette. Elle rabat le drap jaune (jaune, c'est pas parce que je me suis déjà oubliée dessus, c'est sa couleur d'origine). Elle s'écarte d'un pas, regarde ailleurs... Je comprends que c'est à moi de jouer... C'est à moi maintenant !... Allez pipi, vas-y quoi, sors de ta cachette... Mince alors, ça vient pas... C'est Mauricette aussi ! Elle me coupe l'envie à rester là, à attendre la fin des opérations. Essaie déjà de te soulager la vessie en position allongée... Il doit y avoir une barrière psychologique, un verrou bien fermé depuis qu'on a arrêté les couches et les pipis au lit, c'est dire si ça remonte à loin. Alors avec Mauricette-le-mastodonte tout à côté, c'est sans espoir ! Je me risque à lui demander de me laisser, m'excusant presque de ne pas y arriver. Mauricette grommèle un peu. Un truc compatissant je crois, mais je ne saisis pas le sens de son grognement. En tous cas elle tourne les talons, ferme la porte derrière son popotin replet et Oooooooh joie, enfin l'urine dégouline. C'est aussi ça le hic d'ailleurs : ça dégouline. Plein les mottes tu en as. Trempée tu es comme un bébé. Berk. Mauricette ne va pas tarder à revenir me tendre le gant de toilette humide pour l'essuyage. Je me dépêche de faire sortir tout le liquide que je peux. Avec le temps, l'expérience des opérations à la pelle, j'ai la technique imparable pour tout bien évacuer de la tuyauterie : le frottage de vessie à travers la peau du ventre. Oui messieurs mesdames. De loin, sous la couverture, on pourrait prendre la frénésie du geste pour de la masturbation musclée. Mais ce n'est que du frottage de vessie, juré-craché, et diablement efficace ! Extraction jusqu'à la dernière goutte. Pile poil : Mauricette revient comme un ouragan, empoigne le bazar plein à ras bord et part le vider dans les toilettes. Ça fait un grand "flastche !" dans la cuvette. Tirage de chasse, rinçage du plat sous la douchette, égouttage en position verticale au fond de la douche contre les petits carreaux jaunes (comme les draps, on aime le jaune dans les hôpitaux).

Je dois maintenant révéler ici au personnel médical qui me lirait un jour, combien il est désagréable de se faire coller un plat à bassin encore humide sur la peau des fesses. Car le plat à bassin n'est jamais bien remis, bien sec de son dernier usage. Un tout petit coup de serviette sur les bords avant de nous l'enfourner sous la croupe serait fort apprécié.

Au personnel médical parmi les lecteurs toujours, je veux enfin poser une question centrale, pour lever le grand mystère du plat qui m'habite depuis 1996 :

 

Pourquoi diable appelle t-on le plat à bassin, plat à bassin ?

C'est "plat à bassin" pour le bassin, la partie du corps qui repose sur le plat. Ou "plat à bassin" pour le bassin, la fontaine, le liquide qui remplit le plat ?

Alors, z'en dites quoi de ça ?!...

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