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Les crabes dansent au Croisic

Je ne guérirai pas, mais je vis gaillardement (la plupart du temps) : FAUT PAS GÂCHER !

Perruque, postiche, moquette et moumoute !

Les cheveux ne résistent pas à la chimiothérapie. C'est l'hécatombe dès la première piquouse. Tombent les cheveux, puis les sourcils, les cils et les poils de tous poils.

 

Comme s'interrogeait Michel Chevalet dans les chroniques scientifiques de ma jeunesse : comment ça marche ?

C'est très simple : la chimiothérapie agit sur les cellules qui se divisent. Parce que les cellules cancéreuses se divisent beaucoup plus que les autres pour proliférer. Pas de bol, les cellules du bulbe pileux sont de celles qui se divisent aussi en pagaille. Elles se font donc zigouiller dans le lot, même si elles n'ont rien à se reprocher.

 

Je te livre quelques menus conseils, pas toujours avisés, reçus au fil de mes traitements depuis 17 ans :

1- Si tu portes le cheveu long, mieux vaut ne pas trainer à le couper court.

Ainsi, quand le cheveu commencera à faiblir et choir, ton quotidien s'en trouvera simplifié. En effet, il te sera tout de même plus aisé de ramasser de la touffe courte que de la crinière fournie un peu partout dans le logis. Il est important de souligner aussi, que le choc sera moins... choquant quand tu n'auras plus grand chose, voire plus rien du tout sur le caillou.

2- Porte le casque ! Le casque réfrigérant.

Si tu es 100% d'accord avec la maxime "le ridicule ne tue pas", si tu acceptes le look Playmobil et surtout si tu supportes de te geler la cervelle au point d'en avoir des maux de tête de compète, alors le casque réfrigérant est fait pour toi ! Demande à le porter une demi-heure avant, une demi-heure après et de le faire changer tous les quarts d'heure pour de meilleurs résultats.  Coupons court toutefois et tout de suite, au fantasme du casque préservant totalement la crinière. Il ralentit la chute, il limite la casse, bref, il fait ce qu'il peut le pépère, mais il n'accomplit pas de miracle non plus. Le froid glacial du bonnet te ratatine les vaisseaux sanguins de la bobine. Ainsi, la circulation du sang, chargé de toxiques chimiques, y est réduite. Mais il y a tout de même circulation. Plus de circulation là haut, ça s'appelle un AVC. Nous ne souhaitons pas un AVC n'est ce pas ? Bien. Le cheveu va donc tomber un peu malgré tout et il te faudra faire avec.

Perruque, postiche, moquette et moumoute !
Perruque, postiche, moquette et moumoute !
3- Shampouine le moins souvent possible.

Avec le moins de shampoing possible. Pas de produits agressifs, pas de couleurs, pas de sèche cheveux, encore moins de brushing, pas de brosse en poils de sanglier plantés serrés mais de la brosse bien souple, pas de nattes, ni de couettes, pas d'élastiques ; bref, les cheveux, dorénavant, si tu veux en garder un peu et tenir sur la durée, faut les ménager ! Épargne-toi aussi les odeurs d'after shave bon marché du Petrol Hahn sensé stopper net la chute des cheveux d'après la pub. J'ai testé. C'est parfaitement, totalement, sans effet aucun.

4- Ne tarde pas à acheter ta moumoute.

Ce n'est pas quand tu auras le crâne poli qu'il faudra s'en préoccuper. Ce conseil là tout de même, je me permets de le contredire : par crainte de la boule à Z lors de mon 1er traitement en 1997, je me suis précipitée. 300 euros. C'était déjà une sacrée somme. Pourtant, pour ce prix faramineux, ma perruque était encore synthétique et mal coupée. Les premières perruques en cheveux naturels démarrent autour 700 euros et peuvent coûter quelques milliers d'euros. Triple gulp quand on découvre en plus que la Sécurité Sociale rembourse somptueusement 125 euros *... Ce n'est que du confort après tout. On ne meurt pas de se trouver chauve du jour au lendemain. Bilan de l'affaire, je me sentais déguisée avec ma moumoute de synthèse. Ajoute l'inconfort, les démangeaisons (car la moquete démange furieusement) et les suées (la carpette tient aussi chaud que la doudoune en plein été)... Je ne m'y suis jamais faite. En avant les foulards, les chapeaux... et le crâne lisse exposé aux regards compatissants ou curieux. C'était parfois éprouvant moralement, mais physiquement, c'était bien plus plaisant.

* fin décembre 2018, Agnès Buzyn Ministre de la Santé annonçait 350€ de remboursement pour les perruques de classes 1 (synthétiques) et 250€ pour les perruques de classe 2 (30% de cheveux naturels). La mesure est effective depuis mars 2019.

Si tu optes malgré tout pour la perruque, je salue ce choix courageux. Et, je t'invite à consulter la rubrique "VIVRE AU QUOTIDIEN AVEC SA PERRUQUE" du site de l'Institut National du Cancer.

Tu y trouveras quelques astuces essentielles sur des thèmes aussi incontournables que : Comment mettre sa perruque ? Sûr qu'on n'y connait que dalle, à moins d'officier la nuit chez Michou. L'art d'entretenir sa perruque. Laver au shampoing exprès fait pour ça, rincer, appliquer les soins, re-rincer, essorer sans ruiner la chose, étendre sur un support aéré pour éviter les moisissures... La perruque est une emmerdeuse : elle réclame de l'attention et des soins quasi permanents. Les gestes à éviter quand on porte une perruque. Comme se baigner à la piscine ou à la plage à moins de chercher à s'en débarrasser dans les vagues ; porter la perruque la nuit sauf à vouloir l'agrémenter de faux plis mal-gracieux ; s'approcher d'une source de chaleur intense – briquet, bougie, barbecue, four, vapeur d'eau bouillante… S'il est trop tard, faites le 18 pour les pompiers. Etc, etc...

Du grand folklore capillaire à lire, rien que pour le divertissement !

 

Ma perruque à moi a fini à la poubelle. J'avais pourtant commencé par la conserver, des années durant. Je m'étais dit que je pourrais la sortir pour les soirées déguisées. Je n'ai jamais pu la porter en réalité, même pour rigoler. Trop de mauvais souvenirs y étaient rattachés. Il fallait qu'elle disparaisse. Je l'ai fait disparaitre. Adieu veaux, vaches, cochons et perruque !

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