En 2012, quand je récidive et que je me vois morte dans les six mois, j'ai besoin de laisser un petit bout de moi aux miens. Mon Homme, il sait qui je suis. Mais les petits hommes ? Ils sont bien petits. 8 et 5 ans quand le cancer remet le couvert. Que veux-tu qu'ils se souviennent de moi, après moi, à ces âges là ? Si ma Maman avait dû disparaitre alors que j'étais petite, son visage, sa voix, ses mots seraient flous aujourd'hui. Je ne saurais pas qui elle est ! Je veux dire aux petits hommes qui je suis !
Mes parents, Maman, Papa, mon grand-petit frère, mon Homme... Pas simple de leur dire combien je vais mal parfois. Il est des sujets impossibles à aborder. Parce qu'ils peinent. Parce qu'ils gênent. Alors j'écris. Sans bien savoir si je suis lue toujours. Mais j'écris. Pour eux aussi.
On ne parle jamais du cancer du sein métastatique : on ne parle que de "l'autre", du "qui se soigne et qui se guérit". Ou on en parle très mal : on minimise tant qu'il ne s'agit "que" d'un "petit" cancer du sein, on dramatise dès qu'il est assorti du mot "métastases". Ajoutes-y tous ceux qui n'en parlent que pour se remplir les poches sur le dos de la populis pétochus et tu as une idée assez juste de tout ce qui M'ESCAGASSE !
Je veux donc dire à tous les 3 MSN,
Messages pour les Super Nuls
petit 1, le cancer du sein, tu peux te le décrocher même si tu fais tout bien comme il faut pour l'éviter. Le cancer qu'on se coltine à l'âge adulte se fabrique même bien avant, à l'adolescence, quand nos cellules sont encore immatures et vulnérables. Alors tu remballes l'idée que les malades ont forcément "merdé" et que ça peut pas t'arriver.
petit 2, le cancer du sein ne se soigne pas bien. Il tue. 12 000 femmes par an. C'est même la première cause de mortalité par cancer chez la femme. Dis toi que chaque année, en France, le cancer du sein élimine l'équivalent de Ville d'Avray, ou encore de Dinan. A l'échelle de l'Europe, c'est la ville de Toulouse qui disparait tous les ans. Tu la vois bien l'hécatombe ?
petit 3, le cancer du sein métastatique, c'est pas la guimauve indigeste qu'on nous fait gober une fois par an en octobre (rose). "On ne vit pas très bien avec les métastases", comme je l'ai un jour entendu en consultation. On ne survit pas non plus. ON VIT, du mieux qu'on peut, c'est tout !
Les crabes maintenant, c'est plus vraiment pour moi.
Bien sûr, j'aime écrire. J'aime les mots, le son que font les mots mis ensemble. Tu entends comme elle chante cette dernière phrase ?! Mais je sais aussi le bien que ça fait d'avoir sous les yeux quelqu'un de plus avancé dans le parcours. J'ai cet exemple pour me requinquer les jours de coup de mou. Je peux à mon tour distribuer la patate !
Tiens, pour la peine, regarde un peu celle que j'ai trouvée aujourd'hui, si c'est pas bon signe !