1 Novembre 2017
Il aurait aussi pu s'intituler "La crétinerie rose ne passera pas par moi !" ce billet.
Est-ce-qu'il n'est pas incroyablement crétin ce T-shirt ?! Attends, on passe pas loin de la perfection dans la catégorie non ? Si t'as mieux, je t'en prie, partage ici, qu'on ait au moins le plaisir de la ricane.
Un mois, 31 jours d'excitation, d'exubérance, de bienveillance sucrée à l'excès, de sentiments aussi incongrus que l'orgueil affiché sur ce T-shirt à chier (pardon, mais ça soulage), d'initiatives aussi déplacées que ces pipoles femelles exhibant leurs nibards intacts dans un magazine féminin, de chaines à la con sur Facebook... T'as remarqué ? Généralement, elles commencent par "J'aime pas du tout ces chaines là et patati et patata". Il aime pas "ces chaines là", mais l'émetteur fait suivre la logorrhée larmoyante en l'honneur d'une disparue. Et de conclure "Foutu cancer écétéra, et bla bla bla"...
J'en peux plus de l'enfumage collectif. Du grand battage excluant les dizaines de milliers de femmes qui ne guériront pas. Des médias, vissés par les annonceurs, qui taisent les métastases. J'en peux plus de la crédulité du quidam qui ne sait pas. Tant d'ignorance encore aujourd'hui, c'est décourageant. J'en peux plus du discours guerrier de la combattante qui s'en est sorti à la force du poignet et de son formidable moral d'acier. Et c'est sans doute elle qui me révolte le plus. Parce qu'elle, elle sait. Mais faut qu'elle la ramène avec ses airs de gourous et ses conseils à la con qui valent pas un clou. Mais cocotte, le cancer, s'il a fini par te foutre la paix, c'est pas parce que t'as fait plus ou mieux qu'une autre. Non, c'est juste que t'as eu du bol... Pour l'instant. Et puis fillette, t'as oublié la branlée que tu t'es mangée ? T'as oublié quand t'avais la gerbe et les chocottes au plus dur des chirurgies et des intraveineuses ? Pourquoi t'en parles pas de ça aussi, au lieu de nous bassiner avec ce cancer si merveilleux, qu'il t'aurait ouvert les yeux sur la vie. Oui, ça, le coup du cancer qui sert à quelque chose, c'est l'autre truc qu'il faut pas venir m'agiter sous le nez. Cette idée puante selon laquelle on sortirait subitement plus sage du cancer. Comme s'il était une épreuve, un rite de passage. Foutaise ! Faut oser la balancer cette énormité quand même, non ?
Gardons-nous bien de plastronner : on ne maîtrise rien de ce qui arrive ! Bien des courageuses et des costaudes sont restées sur le carreau. Parce qu'elles ne pouvaient rien ! Le mental permet sans aucun doute de mieux vivre avec la maladie. Mais le mental ne guérit pas ! Alors nous seriner avec les "garde le moral", "y croire, ça compte"... Pitié, pas ça. Les plus impressionnables culpabilisent de se laisser aller à quelques faiblesses pourtant bien légitimes. Les autres n'ont que faire de ces sornettes : elles savent ce qu'elles ont à faire, elles tracent ! Imposer le combat héroïque comme LA clé et fanfaronner sa fierté, franchement... J'ai guéri - note que je n'écris pas "j'ai vaincu", d'un lymphome et d'un mélanome. Je n'en suis pas fière ! J'en suis heureuse. Et ça suffit.
Un dernier mot enfin, pour les wonder-winneuses du cancer : je ne guérirai pas de mon cancer du sein. Je finirai par me faire aplatir par ce truc qui me dépasse. Pourtant je ne me sens pas moins méritante ; d'autant que si j'enchaine les traitements et les cicatrices, encore et encore, je ne le fais même plus pour guérir. Alors CAMEMBERT maintenant !
Laisse tomber le mug, le porte clé, le rouge à lèvre ou le fer à friser rose (véridique !) dont les fabricants se mettent tout ou quasi dans les fouilles. Donne l'équivalent de la babiole à un centre anti cancer de renom. Là, ce sera pas de l'argent gaspillé.
#fucklerose
#lecancerduseintuememelesmeilleures
#lecancerduseinnestpasunechance
Allez, un dernier p'tit T-shirt à chier pour la route !
(Du très, très haut niveau dans le grand n'importe quoi, tu vas voir...)