20 Septembre 2013
Depuis le départ des vacanciers à la fin du mois dernier, on est resté "entre nous". Plus du tout habitués à une telle effervescence. Quand elle revient aux mois de l'automne, c'est que ce sont les grandes marées. Points culminants du calendrier à ne pas louper pour les pêcheurs à pieds. Ça déboule des terres alentours pour 2 jours. Ça s'affaire, ça gratouille, ça traque la crevette à l'épuisette, ça remplit les seaux de moules, coques et palourdes. Puis ça se raconte sa pêche au cul des voitures, coffres ouverts pour abriter la glacière et les verres de muscadet.
Les pêcheurs sont concentrés tant que dure la marée. Le temps est compté. Faut ramasser avant le retour de l'océan ! Ne vas pas leur parler à ce moment là. Les plus suspicieux lèveront le nez vers toi, des fois que tu viendrais lorgner dans leurs sacs. Mais tu n'auras pas une réponse. Les langues ne se délient qu'une fois les paniers remplis. Le pêcheur devient alors joyeux et volubile. Surtout avec le muscadet.
Les spectateurs sont surpris (tant de monde à l'eau... ), curieux (mais pour pêcher quoi ?... ), ou goguenards quand ils sont d'ici (oh la la, les touristes... Ils pêchent là ?... ). Ce matin sur l'Estacade avec Isséo, je croise 2 anglais espantés par cette "French tide" bien plus ample que celle de Plymouth dont ils sont originaires ; et ce "national sport" qui draine tant de joueurs-pêcheurs. Je repère aussi une dame, calée sur la rambarde de bois. Elle tient de grosses jumelles kakis au creux des 2 mains. Elle observe. Elle commente pour sa comparse. Je m'approche.
"Vous voyez ce qu'ils pêchent ?
- Oui, on voit tout ! (Elle sourit) Là, ce sont les crevettes et là, les moules.
- Vous repérez les bons coins en fait, c'est malin !
- Oui, c'est ça !! (elle rit franchement maintenant, heureuse de sa filouterie). Ce sera pour la prochaine marée !"
Sûr que j'y serai encore, moi aussi, à la prochaine marée.
La lagune découverte et dorée. Les pêcheurs au loin, minuscules et colorés, ribambelle de confettis sur le sable. La roche mise à nue, paysage aride et accidenté. La vase ruisselante, étincelante dans le soleil (car nous avons le soleil aujourd'hui... eh oui... ;). Le miroir bleu et lisse de l'océan quand la brise est à zéro. L'eau si claire, que je peux voir le pédalage tranquille des pattes du goéland, nageant dans le chenal.
Je me régale !
Aux premières loges pour le spectacle tous les jours ! Vous voyez les maisons là bas, entre les arbres, derrières les bateaux couchés sur le flanc ? Et bien j'habite une de celles là !
Depuis toujours, j'ai fait le choix de cette vie. Enfin, j'ai quitté Paris, l'été dernier. Et depuis...