Je ne guérirai pas, mais je vis gaillardement (la plupart du temps) : FAUT PAS GÂCHER !
26 Novembre 2019
Je suis allée voir Jean-Michel grâce à mon amie Delphine. C'est elle qui prend la photo. C'est elle qui fait rouler ma chariote de salle en salle dans le bâtiment de la Fondation Louis Vuitton, s'arrête aux bons endroits, dans le bon axe, à la bonne distance des toiles, monumentales pour la plupart. C'est elle qui patiemment revient en arrière pour revoir celle là, que je préfère. Parce qu'elle est bleue. Parce que ses contrastes, son épaisseur me secouent l'intérieur. Parce qu'elle me prend le coeur et qu'elle s'y accroche.
Nous sommes le samedi 19 janvier 2019 et je me régale grâce à Delphine. Sans elle, sans le fauteuil emprunté à l'accueil en échange de mon passeport, pas de visite à Jean Michel. Piétiner debout des heures, c'est trop de souffrances pour les muscles fondus, les os attaqués et les pieds flambés par le syndrome main-pied de Xéloda.
Je vais pas te tartiner des lignes sur l'artiste, sa vie (courte : Jean-Michel est mort à 28 ans), sa contribution fulgurante à l'art des années 80 et au delà. "Gogueule" te dira tout ça si tu veux creuser. Je vais te dire plutôt les 2 ou 3 bricoles marquantes, elles m'ont marquées moi en tous cas, parce que ce sont des détails, très humains, des petits bouts de Jean-Michel et parce que ces petits bouts de Jean-Michel me font redécouvrir ses toiles.
Tu sais pourquoi par exemple il peint des squelettes, des crânes, des tibias et autres détails anatomiques ? On voit même ici et là des organes, un foie, de la tripailles et tout et tout ! C'est parce qu'il a été renversé par une voiture petit. Pour l'aider à occuper de longs mois d'hôpital, sa maman lui a offert un livre d'anatomie. Il était très curieux, très cultivé Jean-Michel. Toujours fourré dans les musées de New York par exemple.
Et tu sais pourquoi parfois, il raye les mots après les avoir écrits ? C'est pas qu'il se trompe et se ravise. C'est pas parce que ça bouillonne dans la tête de Jean-Michel jusque dans le pinceau ou les mains (il peinturlure carrément avec les patouilles des fois. J'ai même vu l'emprunte de ses Nike sur une toile !). C'est pas parce qu'il peint comme ça, zou ! Qu'il se ravise et nous corrige la bévue dans l'instant. Non. C'est pas des erreurs. Au contraire. C'est des mots importants. Avec ses ratures, il s'assure qu'on s'approche, qu'on déchiffre et qu'on lit le message !
Il a des messages Basquiat. Un message. Tous ses boxeurs, ses musiciens, ses esclaves, souvent couronnés parce qu'il les admire, existent dans ses toiles parce qu'ils ne sont montrés nul part ailleurs dans la société américaine. L'absence des noirs dans l'art, Jean Michel la corrige avec ses tripes et sa colère. Jean-Michel c'est un justicier. C'est pour ça que je l'aime.
Je te mets quelques-unes des toiles qui m'ont caressé les yeux ce jour de janvier 2019. Regarde le diaporama avant de filer !