Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Les crabes dansent au Croisic

Je ne guérirai pas, mais je vis gaillardement (la plupart du temps) : FAUT PAS GÂCHER !

Je te présente AFINITOR (et EXÉMESTANE)

Ce matin, a y est, je retrouve AFINITOR.
J'ouvre le tiroir de la cuisine, celui qui cache toute la chimie qui me fait marcher. AFINITOR n'a pas bougé. J'agrippe l'ingrat. 12 jours sans le voir, mais je n'oublie pas ses crasses. Méfiance du coup tu t'en doutes, au moment de le gober à 9H15 pétantes, après son copain EXÉMESTANE.

 

 

Depuis le temps que je te cause de l'ingrat, du revêche, du rebutant - oui, le vilain mérite cette invective vu ce qu'il m'en a fait voir, je vais te dire tout à fait qui il est et à quoi il sert. Car oui, AFINITOR est foutrement utile.

 

Ça me fait mal aux mottes de l'admettre, mais si je ne suis pas faite pour la fricote avec AFINITOR, AFINITOR est fait pour moi.

  1. je suis ménopausée, précipitamment puisque "couic les ovaires" en 2012. 
  2. j'ai un cancer du sein "avancé" comme ils disent. Avec les mots crus, mais clairs : mon cancer a métastasé.
  3. et il est hormono-dépendant avec HER2 négatif (si tu n'y connais rien en cancer, te bile pas, je t'expliquerai le coup du HER2 plus tard)

Je coche donc les 3 cases des conditions de sa prescription.

Tu ne verras pas AFINITOR sans EXÉMESTANE. Les 2 sont inséparables et forment un traitement de "2ème ligne", voire plus, quand on a déjà éclusé quelques-uns des traitements hormonaux de la palette. Cela dit, dans certains cas (et j'en connais au moins un - coucou Nicole ! ;), ils peuvent aussi être tentés, avant la chimiothérapie intraveineuse, histoire d'essayer d'éviter la destruction massive. Car tu le sais, la chimiothérapie c'est un peu le Rambo des traitements anti cancer : le genre bourrin-bas de plafond qui fait pas dans la dentelle. Extermination sans distingo des cellules saines, comme des salopiotes.

 

AFINITOR - EXÉMESTANE, qui fait quoi ?

Pour comprendre AFINITOR et ÉXÉMESTANE, faut imaginer un couple meurtrier. Tu les vois bien Bonnie and Clyde ?

EXÉMESTANE, nom commercial de l'Aromasine, c'est l'hormonothérapie.

Il empêche la fabrication des oestrogènes dont le cancer se nourrit quand il est hormono-dépendant. Plus exactement, EXÉMESTANE bloque une enzyme, l'aromatase, dont le boulot consiste à continuer à fabriquer des oestrogènes quand les ovaires ne le font plus.

AFINITOR, nom commercial de l'Évérolimus, c'est une thérapie ciblée.

Son job à lui, c'est de ralentir l'évolution et la propagation des cellules cancéreuses. Et attends, tu sais comment ? Redoutable : l'Évérolimus, c'est l'infiltré du tandem. Dans la cellule cancéreuse (dedans !), il s'associe à une protéine pour saboter mTOR. Et mTOR attention, c'est pas n'importe qui : le gars est responsable de la division cellulaire et de la fabrication des vaisseaux sanguins qui approvisionnent les cellules cancéreuses en nutriments.

En clair, des fois qu'EXÉMESTANE foire sa mission et laisse passer un convoi d'oestrogènes à becqueter, AFINITOR pulvérise les ponts et les routes de ravitaillement.

 

Et le sabotage peut durer combien de temps ?

Je vais te le dire comme le dit le paragraphe Posologie de ma notice : la dose recommandée d'Évérolimus est de 10mg, 1 fois/jour. Le traitement doit être poursuivi aussi longtemps qu'un bénéfice clinique est observé ou jusqu'à la survenue d'une toxicité inacceptable.

La toxicité inacceptable peut prendre plusieurs formes :
  • des atteintes pulmonaires, des insuffisances rénales ou hépatiques chez les sujets les plus fragiles.
  • la chute de certains globules blancs, prédisposant aux infections.
  • les troubles digestifs avec nausées, vomissements et diarrhées (Ça, c'était ce matin, avec des coliques sympathiques. La joie...),
  • les perturbations cutanées conséquentes ; la grande sécheresse du Sahara, le genre qui se résout pas comme ça, d'un coup de crème Wéléda ; le prurit (c'est mon lot aussi), calmé chaque soir à l'anti histaminique. Et le mien est doté d'une innovation incongrue : figure toi que les boutons prédis sur le visage ou le tronc, c'est sur la peau du ciboulot que je les ai ! Et de toutes sortes : du rose, du blanc, du plat et du bombé ! D'après la notice, "les effets indésirables cutanés régressent habituellement de manière spontanée". J'attends...

C'est ainsi que j'ai dû rompre avec AFINITOR 12 jours durant, le temps de me remettre des aphtes, mucites et autre stomatite ; surinfection buccale dont je me soigne encore et pour 2 mois. Super Mario a décidé de diviser le dosage par 2 pour la reprise. C'est dire s'il cogne dur AFINITOR. Le quidam ne jure que par la chimio intraveineuse. Si tu la ramènes avec ton traitement oral, c'est à peine si on te prend au sérieux. Ben AFINITOR, il tape tellement fort que certaines doivent jeter l'éponge et passer... à la chimio ! T'as bien saisi le quidam ? AFINITOR, c'est du costaud, OK ?!

De l'autre côté de la balance, le bénéfice clinique est indéniable :

Dans les études réalisées, "les patientes sous AFINITOR vivent en moyenne 7,8 mois sans aggravation de la maladie, contre 3,2 mois pour les patientes sous placébo". La durée d'efficacité médiane du traitement est de 7 mois. Autrement dit, 50% des femmes sous AFINITOR résistent au delà des 7 mois, avant une nouvelle progression de la maladie. 7 mois, ça peut te sembler un pet de puce. Tu as le droit. Au début, je l'ai pensé moi aussi. 7 mois, c'est sûr, c'est pas bézef dans l'absolu. Mais 7 mois, c'est pas rien dans une stratégie thérapeutique où les traitements efficaces ne sont pas non plus légion. 7 mois grapillés aujourd'hui avec AFINITOR, plus 7 autres demain avec un autre, eh bien on dépasse l'année ! Et en une année, il peut arriver de nouvelles cartouches pour jouer sur le champs de tir...

 

... Si tant est que nos administrations de santé soient un peu plus promptes pour la commercialisation des médicaments !

Tiens, au hasard, prend l'AFINITOR :

  • Le 3 août 2009, la Commission Européenne donne son accord pour l'AMM-Autorisation de Mise sur le Marché en Europe.
  • Le 3 avril 2013, 4 ans plus tard quand même... La Commission de la Transparence de la HAS-Haute Autorité de Santé planche sur l'extension de l'utilisation d'AFINITOR - EXÉMESTANE au cancer du sein. Je veux pas écrire de bêtises mais à l'origine, je crois bien qu'AFINITOR est utilisé pour les cancers du pancréas et du rein.
  • Le 5 novembre 2014, le journal officiel publie l'arrêté qui étend la prise en charge d'AFINITOR dans le cadre du cancer du sein avancé hormono-dépendant.

5 ans !!!
Ben mes pépères... On voit bien que c'est pas vous qui l'avez le cancer !

 

Partager cet article
Repost0
Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :