30 Octobre 2017
Ce matin, a y est, je retrouve AFINITOR.
J'ouvre le tiroir de la cuisine, celui qui cache toute la chimie qui me fait marcher. AFINITOR n'a pas bougé. J'agrippe l'ingrat. 12 jours sans le voir, mais je n'oublie pas ses crasses. Méfiance du coup tu t'en doutes, au moment de le gober à 9H15 pétantes, après son copain EXÉMESTANE.
Depuis le temps que je te cause de l'ingrat, du revêche, du rebutant - oui, le vilain mérite cette invective vu ce qu'il m'en a fait voir, je vais te dire tout à fait qui il est et à quoi il sert. Car oui, AFINITOR est foutrement utile.
Je coche donc les 3 cases des conditions de sa prescription.
Tu ne verras pas AFINITOR sans EXÉMESTANE. Les 2 sont inséparables et forment un traitement de "2ème ligne", voire plus, quand on a déjà éclusé quelques-uns des traitements hormonaux de la palette. Cela dit, dans certains cas (et j'en connais au moins un - coucou Nicole ! ;), ils peuvent aussi être tentés, avant la chimiothérapie intraveineuse, histoire d'essayer d'éviter la destruction massive. Car tu le sais, la chimiothérapie c'est un peu le Rambo des traitements anti cancer : le genre bourrin-bas de plafond qui fait pas dans la dentelle. Extermination sans distingo des cellules saines, comme des salopiotes.
Pour comprendre AFINITOR et ÉXÉMESTANE, faut imaginer un couple meurtrier. Tu les vois bien Bonnie and Clyde ?
Il empêche la fabrication des oestrogènes dont le cancer se nourrit quand il est hormono-dépendant. Plus exactement, EXÉMESTANE bloque une enzyme, l'aromatase, dont le boulot consiste à continuer à fabriquer des oestrogènes quand les ovaires ne le font plus.
Son job à lui, c'est de ralentir l'évolution et la propagation des cellules cancéreuses. Et attends, tu sais comment ? Redoutable : l'Évérolimus, c'est l'infiltré du tandem. Dans la cellule cancéreuse (dedans !), il s'associe à une protéine pour saboter mTOR. Et mTOR attention, c'est pas n'importe qui : le gars est responsable de la division cellulaire et de la fabrication des vaisseaux sanguins qui approvisionnent les cellules cancéreuses en nutriments.
En clair, des fois qu'EXÉMESTANE foire sa mission et laisse passer un convoi d'oestrogènes à becqueter, AFINITOR pulvérise les ponts et les routes de ravitaillement.
Je vais te le dire comme le dit le paragraphe Posologie de ma notice : la dose recommandée d'Évérolimus est de 10mg, 1 fois/jour. Le traitement doit être poursuivi aussi longtemps qu'un bénéfice clinique est observé ou jusqu'à la survenue d'une toxicité inacceptable.
C'est ainsi que j'ai dû rompre avec AFINITOR 12 jours durant, le temps de me remettre des aphtes, mucites et autre stomatite ; surinfection buccale dont je me soigne encore et pour 2 mois. Super Mario a décidé de diviser le dosage par 2 pour la reprise. C'est dire s'il cogne dur AFINITOR. Le quidam ne jure que par la chimio intraveineuse. Si tu la ramènes avec ton traitement oral, c'est à peine si on te prend au sérieux. Ben AFINITOR, il tape tellement fort que certaines doivent jeter l'éponge et passer... à la chimio ! T'as bien saisi le quidam ? AFINITOR, c'est du costaud, OK ?!
Dans les études réalisées, "les patientes sous AFINITOR vivent en moyenne 7,8 mois sans aggravation de la maladie, contre 3,2 mois pour les patientes sous placébo". La durée d'efficacité médiane du traitement est de 7 mois. Autrement dit, 50% des femmes sous AFINITOR résistent au delà des 7 mois, avant une nouvelle progression de la maladie. 7 mois, ça peut te sembler un pet de puce. Tu as le droit. Au début, je l'ai pensé moi aussi. 7 mois, c'est sûr, c'est pas bézef dans l'absolu. Mais 7 mois, c'est pas rien dans une stratégie thérapeutique où les traitements efficaces ne sont pas non plus légion. 7 mois grapillés aujourd'hui avec AFINITOR, plus 7 autres demain avec un autre, eh bien on dépasse l'année ! Et en une année, il peut arriver de nouvelles cartouches pour jouer sur le champs de tir...
Tiens, au hasard, prend l'AFINITOR :
5 ans !!!
Ben mes pépères... On voit bien que c'est pas vous qui l'avez le cancer !