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Les crabes dansent au Croisic

Je ne guérirai pas, mais je vis gaillardement (la plupart du temps) : FAUT PAS GÂCHER !

Péripétie parisienne comme une autre : j'ai testé le laser CO2 fractionné !

Le métro, c'est pas rigolo. Les voyageurs ne rigolent pas d'ailleurs. À ma gauche, une parisienne se maquille. En face, le visage fermé d'une jeune fille. Quand elle est entrée dans le wagon, qu'elle s'est dirigée vers ma banquette, j'ai tenté un sourire. Pure perte. Râteau. "Gros vent" comme dit le petit homme de 13 ans. Le visage fermé m'adresse maintenant un regard noir sous des sourcils sévères. Elle s'assied sur 2 places, avec les jambes dans le couloir et le sac pendant dans le passage. Elle se fout manifestement des êtres autour. Elle ouvre un magazine. Au moins, ses yeux méchants sont occupés à autre chose qu'à fusiller. Je regarde vers la droite. Station Bir Hakeim. La Tour Eiffel est là, dressée dans le ciel gris, au dessus de la Seine grise.

C'est très gris tout ça. C'est très beau aussi. Je me régale comme une gamine. En silence, je salue la Dame de fer. Et je compatis : la Dame doit se désoler de ces passagers indifférents. Pas un pour lever le nez de son téléphone et la regarder ! T'en fais pas Madame : c'est pas que tu sois moche, c'est qu'ils ne voient plus rien. Le matin, à 9 heures dans le métro, ils sont déjà dans la pesanteur, le plomb de la journée à boucler, le bureau, l'open space, cette réunion à peine arrivés, pffff... Pas le temps de passer par la machine à café, les avis intelligents attendus par le boss, il faut briller sur tous les sujets, tous les fronts, fait chier ! Tu vois Madame, c'est pas toi, c'est eux et c'est la vie empesée. Moi j'ai le temps de te parler... Pétard, je suis en retard ! Avenue Kléber, il me faudra encore marcher jusqu'au numéro 44. Je n'y serai jamais pour 9H30.

D'autant que la RATP ne me facilite pas les affaires : pour revenir à la surface et trotter sur le trottoir du XVIème, rien que des escaliers ! Je pause à plusieurs reprises pour retrouver le souffle perdu, changer mon sac d'épaule et empoigner ma valise de l'autre main. Tant pis pour le bras droit que je ménage depuis que pfouit ! Extirpée la chaîne axillaire. Lui aussi aura sa part ! J'avise une rampe sensée faciliter la manoeuvre des voyageurs à roulettes ; un ruban de métal posé sur les marches, du bas jusqu'en haut. Sauf que le ruban est ajouré... Quel génie de l'ingénierie du rail a eu l'idée de ces trous dans la structure ?! Mais faut-il être tordu du citron quand même !! Je renonce. Je reprends les marches et ma progression, lente, soufflante, rapport à ma valise soulevée à droite et au sac soupesé à gauche.

 

 

J'ai rendez-vous avec le Docteur Mouly, gynécologue.

 

C'est notre quatrième rencontre. Il y a quelques semaines, j'ai ressenti le besoin de le revoir pour une de ces séances de laser dont je t'ai parlé l'an passé ici et là aussi. Ce que je vais te raconter maintenant, en toute objectivité, je préfèrerais me le garder secret. C'est intime. En prime ici, dans ma petite ville du bout de la presqu'île, je ne suis pas une anonyme. On me croise. On me connait. On sait, sans que je sache bien, moi, qui sont ceux qui savent. Tu me suis ? Si ça se trouve, ça te gêne aussi, toi, peut-être, après tout ? En ce cas, passe ces quelques paragraphes et retrouve moi à la conclusion. Si tu es à la peine avec ton abricot sec cela dit, lis ceci, car c'est pour toi que je l'écris :

 

 

Une première chose à poser d'emblée :
le laser CO2 fractionné, c'est pas du superfétatoire. C'est du superfoutrement indispendable.

 

C'est pas un truc qu'on fait juste pour la gaudriole, le plaisir fessuel du youplaboum ou du radada, appelle-le comme tu veux. Parce que quand l'abricot est si sec qu'il se ratatine du dedans, ben ça mal figure toi. Fichtrement mal. On parle d'atrophie vaginale là. Pas d'une sécheresse superficielle qui se résoudrait en 2 coups de cuillère à pot de crème hydratante (Remballe aussi les ovules à enfourner tant que tu y es : de la roupie de sansonnet). Certaines souffrent tant de ces frottements, qu'aucune position peut soulager. Tu l'imagines ça ?

 

 

Deusio :
Si l'abricot se ratatine, c'est la faute du cancer.

 

C'est pas du tout une espèce de vieillissement naturel que toutes les femmes vivraient gentiment le temps passant. Non, ça te tombe dessus brutassement à cause des traitements. Faut bien le comprendre ça. Tu n'as pas saisi encore ? Alors relis : les traitements anti-cancer ne font pas de miracle. Ils traitent (à peu près) le cancer, ils maltraitent tout le reste. Ablation des ovaires, Tamoxifène, Létrozole, Exémestane, Faslodex...Tout ça cible le même objectif : priver le cancer des oestrogènes dont il se nourrit quand il est hormono-dépendant. Et tout ça cause les mêmes dégâts collatéraux : priver prématurément l'organisme des oestrogènes qui huilent gentiment la machine jusqu'à la vieillesse, quand la ménopause se fait en douceur. J'ai écrit déjà, quelques-unes des horreurs subies avec 20 ans d'avance sur mon âge.

 

 

Troisio :

La somme du petit 1 et du petit 2 devrait faire que la technique qui répare les dégâts du cancer soit un soin de support pris en charge, au même titre que nombre d'autres.

 

Bah c'est pas pour tout de suite pourtant ! Fidèle à son tempo bureaucratique, l'administration de santé française coupe les cheveux en 4. Des années de recul aux Etats Unis, 4 ans de pratique chez quelques pionniers comme le Docteur Mouly, mais on veut des preuves, encore. C'est pas rapide tout ça, mais ça avance dernièrement, c'est indéniable :

des tests s'organisent dans plusieurs centres pour prouver l'intérêt du procédé et permettre son intégration aux soins remboursés. Gustave Roussy a commencé au printemps cette année. L'ICO à Nantes s'y met début 2018. Mon amie Laure (Mon Réseau Cancer du Sein) m'apprend que la Pitié Salpêtrière vient de s'équiper. Autant d'opportunités de bénéficier gratuitement du traitement laser, en rejoignant les panels d'études qui se constituent.

 

 

Le laser CO2 fractionné, c'est quoi au juste ? 

 

Une machine qui doit mesurer 1,20 mètre de haut, avec des bitoniaux pour  les réglages et un truc qui ressemble à un pistolet au bout d'un bras articulé. Non, c'est pas une pompe à essence... C'est un laser j'te dis. 

Il n'y a absolument rien à faire préalablement à la séance. Pas de crème anesthésiante à tartiner par exemple, en tous cas avec le Monalisa Touch de la marque Deka. On garde les sensations et c'est important, pour adapter le soin en fonction.

Le gynécologue introduit le pistolet stérilisé, active le laser et recule l'appareil progressivement jusqu'à sa sortie complète. La séance dure 5 minutes à tout péter. 10 peut-être, si tu souhaites quelques répits. C'est pas que ça fasse mal. Mais c'est pas non plus l'enchantement hein : on sent des picotements... et un fumet de poils de cochon grillé ! La zone de l'urètre est plus sensible. En tous cas chez moi. Elle impose la pause à chaque fois ; et la diminution de l'intensité du méchoui. Personne ne réagissant pareil, il faut surtout te dire que le gynécologue est à l'écoute et ajuste le geste en temps réel, chaque fois que nécessaire. C'est donc à toi de réagir si tu estimes que ça barbecute un peu trop !

Après la séance, la sensation de chauffe dure une petite heure. Il te faut prévoir une protection hygiénique les 2 ou 3 jours qui suivent pour absorber les pertes consécutives au laser. Quand depuis des lustres, on a le fond de culotte aussi sec qu'un puis du Sahel, c'est presque réjouissant ces réminiscences des années ovariennes ! Bref, les suites de la séance laser, c'est rien de bien méchant tu vois.

En images, ça donne ça. Je te remets le film de la dernière fois, au cas où tu serais passée à côté. Et un autre, un reportage diffusé dans la très bonne émission Allo Docteur.

Vooooilà. L'abrasion tout du long, oblige les tissus à se régénérer et à retrouver l'élasticité perdue.  Il faut 3 séances espacées d'un mois au départ, puis une séance d'entretien tous les ans. C'est cette séance d'entretien que je viens de faire. Et je recommencerai l'an prochain.


Combien ça coute ?

C'est encore cher aujourd'hui : entre 150 et 250 euros la séance. A ces tarifs là, ça contraint la plupart d'entre nous à faire un choix. J'ai fait le mien : le laser, je le considère comme un investissement nécessaire... Quitte à renoncer à plus accessoire. Et tu vois, je me farcis même 7 heures de train aller-retour et 2 jours à Paris pour passer au grill, c'est dire ! Bon, d'accord, hier soir j'en ai profité : je suis allée voir Depeche Mode à Bercy. Pour joindre le très agréable à l'utile. Bref. On peut  espérer un jour, la prise en charge intégrale ou partielle du laser : comme je te le dis plus haut, des études cliniques se mettent en place. Les administrations de santé finiront bien par constater les résultats et valider la prise en charge pour les patientes des centres anti-cancer.

 

Mais nous avons chacune un rôle à jouer !

Pour accélérer la cadence, toi, moi et toutes les autres, chaque patiente doit oser parler de sa souffrance à son oncologue, expliquer la solution du laser fractionné, évoquer les tests en cours et la possibilité de les intégrer. Je l'ai bien vu avec Super Mario. Depuis les premiers échanges sur le sujet il y a une paire d'années, il a recruté une gynécologue pour le centre, il me l'a fait rencontrer pour que je lui explique le laser, Monalisa, Deka, tout ça ; elle a entamé une formation auprès d'un confrère en région parisienne et l'étude va démarrer sous peu dans le centre ! Super Mario ne connaissait ni le problème, ni sa solution et c'est bien normal : ce n'est tout simplement pas son rayon. Mais le gars s'est remué pour ses patientes dès qu'il a été rencardé sur le sujet.

Alors hop, hop, hop, ON EN PARLE MAINTENANT !

 

Lectures complémentaires :

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