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Les crabes dansent au Croisic

Je ne guérirai pas, mais je vis gaillardement (la plupart du temps) : FAUT PAS GÂCHER !

Si je pouvais me déballonner...

1H44. A y est, on est mercredi. Tu dois te demander ce que je fabrique ici à 1H44, ami lecteur. C'est qu'il m'est impossible de dormir. Ce n'est plus un ventre que j'ai, c'est une usine, une turbine énooorme qui ne tourne pas rond du tout. J'ai pourtant tout fait comme on m'a dit et fissa en rentrant de l'hôpital : arrêt à la pharmacie juste avant la fermeture pour l'achat de la mixture salvatrice, ingurgitation d'un grand verre d'eau glacée farci de laxatifs. 6 sachets. Dès le soir. Malgré la promesse d'une nuit sur les vatères. Trop mal. Ca ne pouvait pas attendre le lendemain matin. Depuis, ça gargouille sévère, ça glougloute et c'est toujours gonflé. Fait chier ! Ou plutôt non, ça fait pas chier du tout et c'est tout le problème. Merde à la fin, qu'est ce qu'il a ce con de bidon ?!

 

En tous cas ami lecteur, il n'a pas de métastases. Ni lui, ni le reste. Scanner et scintigraphie sans évolution par rapport aux dernières photos prises de mon intérieur voici 4 mois. Super Mario a pu me redire sa phrase légendaire :

 

"tout est normal, tout est sous contrôle".

 

Sauf que moi, j'ai la panse inflatée ! Je ne peux plus me plier pour enfiler mes chaussettes, je ne peux plus rire (note que pour la rigolade, par chance ces derniers jours, j'avais pas vraiment les occasions pour), je ne peux plus manger, ni boire. J'AI MAL QUOI ! C'est pour ça que Super Mario m'a conseillé son cocktail à caca. M'enfin, je l'ai dans les intestins depuis 7 heures maintenant. Si ça devait me déboucher la tuyauterie, ce serait déjà fait non ? Demain matin, tout à l'heure, je rappelle Super Mario.

 

Un mois que ça dure la douleur. Ca ne peut plus durer ! C'est épuisant. Je suis épuisée. J'ai les émotions qui affleurent. Je veux des solutions ! Ca, c'était la phrase légendaire d'un de mes patrons dans mes jeunes années de labeur. Quand j'allais le retrouver dans son bureau, j'étais certaine d'y avoir droit. Des solutions... Mais si je venais te voir Du Con, c'est parce que je n'en avais pas et que je pensais pouvoir en discuter. Bref. Je digresse. Au sujet de cette douleur endurée depuis quelques semaines, j'ai vu un autre super héros à l'hôpital tout à l'heure pour me soulager. Pour rester dans l'univers de Super Mario, appelons-le Luigi.

Si je pouvais me déballonner...

 

Luigi est kiné, spécialisé dans le traitement des bobos liés au cancer du néné. J'avais rencontré Luigi fin mars, à cette journée d'échanges sur la reconstruction. Il avait expliqué à quel point la prise en charge globale, kiné comprise, des opérations d'ablation et de rafistolage était indispensable. Avant, pendant et après. Tout un parcours dont je n'ai jamais vu la couleur en 2010 quand on m'a entaillé le dos pour me refaire une boule devant. J'avais pris la parole pour interroger Luigi :

 

"Quand on est passé à côté de ces soins dont vous parlez pour accompagner la chirurgie, quand on souffre depuis 4 ans dans un corps azimutés par les opérations, est-ce qu'on peut avoir l'espoir d'améliorer les choses en démarrant aujourd'hui ce qui n'a pas été fait à l'époque ?"

 

Luigi m'avait répondu :

 

"Ce sera plus difficile, mais on peut toujours améliorer quelque chose"

 

... Cogitation... Espoir !

J'ai donc pris rendez-vous. Et j'ai vu Luigi aujourd'hui pour un bilan kiné entre la scintigraphie et la consultation avec Super Mario.

 

Eh bien le bilan est fâcheux. c'est ballot sans doute, mais jamais je n'ai vraiment pris conscience des conséquences DANS le corps de ce que j'ai encaissé. On m'a retiré le grand dorsal droit pour le passer devant.

Si je pouvais me déballonner...

 

C'est pourtant assez impressionnant comme chamboulement. Je te mets une photo du grand dorsal ami lecteur, pour que tu vois bien comme c'est impressionnant. Regarde aussi à quoi il est accroché en haut et en bas, ce grand dorsal.

Si je pouvais me déballonner...

 

Plus de grand dorsal à droite, plus de connexion entre l'épaule droite et le côté gauche du bassin. Plus de connexion, plus de tenue. Et un grand dorsal à gauche qui compense à mort la disparition de son voisin d'à côté.

 

Aaaaaaaaah d'accord Luigi. C'est pour ça que j'ai si mal aux cervicales gauches ? Oui. Et c'est pour ça que j'ai si mal à la hanche, là. Oui. Aaaaaaah d'accord Luigi. Non parce que moi, on m'avait juste dit que ça ne m'empêcherait pas de faire du sport et que je pourrais reprendre une vie normale, tu vois... Et là, Luigi a eu cette réplique qui restera gravée épaisse et profonde dans mon ciboulot :

 

"Si ça ne tenait qu'à moi, j'interdirais cette technique du grand dorsal".

 

Je suis d'accord avec toi Luigi. 4 ans que je mesure combien tu as raison. Tout ça pour un bénéfice esthétique très discutable par dessus le marché. J'ai vraiment gagné le cocotier. Ca, c'était une expression de Maman-douce quand j'étais petite. J'ai jamais bien compris ce que le cocotier venait faire dans l'histoire. Mais comme Maman-douce me lit comme toi ami lecteur, elle éclaircira bien vite le mystère du cocotier pour nous tous. Je redigresse !

 

J'ai raconté l'affaire de Luigi à Super Mario. Super Mario, il voyait bien que je souffrais beaucoup. J'étais raide, quasi à l'horizontale sur ma chaise en plus, à cause de la tripaille tourneboulée. Il a demandé un rendez vous pour moi avec un médecin de la douleur. C'est Peach ! Je vais réintégrer "un circuit douleur", comme ils l'appellent au centre : Peach d'abord. Luigi ensuite. Je sais déjà ce qu'il va faire Luigi. Il m'a tout dit : D'abord le bassin gauche, puis droit, les épaules, la clavicule. Il va y en avoir pour des heures pas bien drôles sur sa table. Et d'autres nuits comme celle ci, azimutée, frigorifiée parce qu'il m'aura tout chamboulé l'organisme.

 

Je t'écris d'ailleurs ces lignes emmaillotée comme en hiver ami lecteur : polaire, capuche, écharpe de laine et double épaisseur de chaussettes sous la couette ! Mais si Luigi peut me débloquer la carcasse, je veux bien enfiler un autre pull.

Si je pouvais me déballonner...Si je pouvais me déballonner...Si je pouvais me déballonner...
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