12 Décembre 2015
Bonjour,
Ami lecteur, je te présente "Acouphènes". C'est pas un copain. Juste une connaissance depuis un an. Une fréquentation imposée même. Disons-le franchement,
c'est . D'ailleurs, tu te doutes bien : il est 4 heures du matin, pas vraiment une heure pour tailler une bavette... Le gars m'a réveillée à 2 heures, il me vrille les oreilles avec constance. Ça siffle à l'intérieur, comme un avion au décollage... qui décolle jamais. Tu imagines la félicitée...
Tu te demandes comment c'est arrivé, pas vrai ?
Ben je sais pas, figure toi ! Parce que l'emmerdeur se fait petit au départ. Il gêne pas trop. Puis il monte crescendo, pianissimo... Pas fait gaffe au rabat-joie moi ! En plus, tu me connais, je suis pas le genre à m'écouter. Mais depuis un an bientôt, je l'entends fort et clair et sans pause le salopard !! En ce moment même tiens : "PNC à vos postes, désarmement des toboggans et vérification de la porte opposée..."
Fin avril, je finis par aller voir une ORL. Conseillée par Super Mario qui est, tu le sais maintenant, le seul à qui j'accorde ma confiance désormais. Je fais le trajet jusqu'à Nantes. Au cabinet cossu du 3 rue Éric Tabarly, on me fait remplir une "fiche de renseignement médical", mes antécédents, tout ça... Ça demande un temps certain en salle d'attente. Je complète aussi un "questionnaire d'évaluation" de la gêne ressentie. Est-ce que j'ai encore une vie ou est ce que le bruit est tel que je me ratatine ? Bon, moi, je vis encore : dans la journée, l'avion a beau être en piste, l'activité tout autour m'occupe le cerveau et le détourne du sifflet. Strident le sifflet pourtant. C'est ce que va mesurer l'examen audiométrique que je passe en cabine avant la consultation. Casque sur les ouies. Une dame à la console me demande d'appuyer sur le bitogneau dès que je perçois un son. J'entends. J'appuie. J'entends. J'appuie. Et puis plus rien. Elle active les aigus. À droite. À gauche. J'appuie pas : j'entends quedalle. Je ressors avec des graphiques, des courbes bleues, des courbes rouges sur un quadrillage serré et des tableaux de pourcentages. Je remets le tout à Madame le docteur Holer-Houdoux. Pimpante et coquette quinquagénaire. Elle me fait asseoir sur un fauteuil surélevé. Ses yeux à la hauteur de mes esgourdes, elle plonge je ne sais quoi dedans qui lui permet de les scruter sous toutes les coutures. Rien. Examen normal...
Et du coup, ça se corrige comment cette histoire, si on sait pas d'où elle sort ?
Là tu vas rire ami lecteur : on fait rien.
On essaie juste de te détendre pour que tu oublies le Boeing plein gaz en bout de piste. Je ressors de mon rendez-vous avec la carte de visite d'une sophrologue. À Nantes... Tu penses bien que je vais pas refaire la route de sitôt pour aller me faire sophrologuer. Pour les cas désepérés, les ratatinés de la vie par le bruit des ouies, restent les antidépresseurs. Ou moins chimiques et plus incongrus : les bruits blancs. Attends que je te dise ce que c'est... Incongru je te dis ! Incroyable ! Ingénieux : pour que tu n'entendes plus le bruit des oreilles dedans, on te fait écouter... du bruit dehors. Les fameux bruits blancs. D'après la "notice" : En écoutant quotidiennement ces bruits thérapeutiques, il se produit un phénomène d’habituation au niveau du cortex auditif qui décode l’acouphène et le bruit blanc comme un son unique. La gêne s’en trouve réduite". Mouais... Je t'en mets un petit coup là, de bruits blancs. Tu vas bien te rendre compte que le phénomène d'habituation, je suis pas sûre-sûre de l'enclencher fissa :
Vooooooilà.
Tu comprends maintenant pourquoi je m'en reviens pas de Nantes ragaillardie par les nouvelles. Parce que si on résume l'affaire :
Ah ba crotte.